Des heurts ont opposé hier au Bangladesh la police à une foule immense de manifestants qui ont attaqué des usines après l'effondrement d'un immeuble construit illégalement et dans lequel plus de 300 ouvriers du textile ont trouvé la mort, selon un nouveau bilan. La police a tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes contre la foule en colère à Savar, dans la banlieue de la capitale Dacca, où le Rana Plaza, un immeuble de huit étages, s'est effondré mercredi comme un château de cartes. Il s'agit du pire accident dans l'histoire industrielle du Bangladesh, un pays pauvre d'Asie du Sud qui a fait de la confection le pivot de son économie. «La situation est très instable. Des centaines de milliers d'ouvriers participent à la manifestation», a déclaré un responsable de la police. Des ouvriers ont attaqué des usines, renversé des véhicules, brûlé des pneus sur la route et essayé de mettre le feu à des échoppes le long du parcours de la manifestation de masse, selon un responsable de la police locale. Ils ont aussi obligé des usines textiles à fermer. «Ils exigent l'arrestation et l'exécution des propriétaires des ateliers et du bâtiment qui s'est effondré à Savar», près de Dacca, a-t-il dit. Le bilan de la catastrophe s'est encore alourdi, dépassant pour la première fois le cap des 300 morts, dont une grande proportion de femmes. «Le bilan est de 304 morts», a déclaré un porte-parole de l'armée, précisant que plus de 2.300 personnes avaient été sorties vivantes des décombres depuis l'accident. «L'odeur est fétide, cela donne parfois envie de vomir. Il est difficile de travailler ici plus de 20 minutes d'affilée», a témoigné un employé d'un atelier qui s'est joint aux centaines de volontaires à pied d'oeuvre jour et nuit.