Malgré l'apport de son public, cette équipe ne pouvait aller plus loin. Il était écrit quelque part que l'équipe nationale de football voie sa route dans la CAN 2004 s'achever au stade des quarts de finale. C'était, peut-être, le tour de trop pour cette équipe venue dans cette compétition juste pour entériner une qualification acquise lors des éliminatoires dans un groupe composé du Tchad et de la Namibie. Conscients du retard pris par notre football, les responsables du staff technique de l'EN n'avaient, d'ailleurs, pas cessé d'affirmer que cette équipe ne risquait pas d'aller bien loin. Est-il utile de revenir sur ses exploits du premier tour considérés par beaucoup comme une fin en soi? L'heure était, depuis un bon moment, à ce rendez-vous contre l'équipe marocaine en quart de finale. Un match pour lequel la ville de Sfax s'était drapée de vert et de rouge, les couleurs d'une Algérie dont des milliers de ses fils avaient, une nouvelle fois, choisi de franchir la frontière et de parcourir des centaines de kilomètres pour venir supporter leurs compatriotes. L'EN ne partait pas favori dans ce match, c'était une évidence car l'adversaire était considéré comme le onze le plus complet, jusque-là ,de cette coupe d'Afrique. Mais cette EN là avait eu le privilège de faire douter le Cameroun puis de battre l'Egypte. Elle avait des raisons de croire en sa bonne étoile d'autant qu'elle avait le soutien d'un public en folie qui avait pris d'assaut le petit stade Taïeb M'hiri. Badou Zaki, le coach marocain, avait dit que l'influence du public ne serait d'aucune importance. Il a dû revoir sa copie très rapidement en s'apercevant que l'équipe qu'il avait en face de la sienne avait un moral d'acier, grâce à l'apport de ces milliers de spectateurs qui resteront, pour l'histoire, l'attraction principale de cette CAN. «L'équipe du Maroc fait montre de la meilleure cohésion de toutes celles qui participent à la compétition africaine» nous avait dit Rachid Mekhloufi. On avait craint que son expérience ne finisse par prendre le dessus sur un onze algérien en pleine construction et composé, essentiellement, de jeunes joueurs. Pourtant, l'équipe marocaine éprouva énormément de difficultés pour entrer dans le match en raison du rendement d'une formation algérienne décidée à défendre ses chances. Au sein de celle-ci, certains éléments ont pris le dessus comme ce Antar Yahia, sûrement l'un des meilleurs joueurs du match. Par contre il y en a eu qui ont baissé pied à l'image de Belmadi dont il convient d'affirmer qu'il a raté sa coupe d'Afrique, mal préparé qu'il était avant de rejoindre l'EN. Cette équipe-là a, malgré tout, eu le mérite d'avoir fait douter la formation marocaine et d'avoir frôlé la qualification aux demi-finales. Si elle n'est pas parvenue à ses fins c'est justement parce qu'elle a manqué au moment voulu de l'expérience qui lui aurait permis de repousser, jusqu'au bout, les derniers assauts des Marocains. Malheureusement, elle n'a pu le faire et a dû subir le trop-plein des prolongations qui ont fini par l'user. Rabah Sâadane s'en va et rejoint dès maintenant la DTN. Il laisse derrière lui une équipe prometteuse capable de nous valoir des satisfactions lors des éliminatoires du mondial 2006. Reste à savoir avec quels entraîneurs elle poursuivra sa route. Normalement, Charef et Cheradi seront, toujours là. Celui qui chapeautera le staff technique pourrait être Sâadane lui-même si l'on se fie à ce que nous a confié le président de la FAF, M.Mohamed Raouraoua, deux jours avant Algérie-Maroc. «Je peux vous assurer, nous a-t-il dit, qu'à ce jour je n'ai eu aucun contact avec un entraîneur étranger. Qui vous dit, d'ailleurs que je ne vais pas essayer de convaincre Sâadane de continuer à la tête de l'EN?» Pour l'instant nous en sommes loin. L'EN rejoint, pour un moment, le coin des oubliettes pour laisser place au train-train d'un championnat national qui paraît vraiment très petit lorsqu'on voit les matches de cette CAN. C'est, malheureusement ce championnat qui sert de référence à cette équipe nationale. Vous voyez un peu pourquoi on parle d'exploit quand on la voit passer un tour de la coupe d'Afrique?