Le soliste, accompagné par son fils Tarab (11ans), lui aussi trompettiste, a exécuté les oeuvres de compositeurs universels. Nassim Maalouf, musicien et chercheur franco-libanais a donné jeudi, au Palais El Minzah, à Alger, un récital marqué par les sonorités mélodieuses et prolifiques d'une trompette munie du quart de ton, caractéristique déterminante de la gamme orientale. Organisé par l'Association des amis de la rampe Louni Arezki en collaboration avec l'Institut français d'Alger, la rencontre a débuté par une série de démonstrations facilitant l'approche comparative qui a permis à Nassim Maalouf de prodiguer son énergie et son talent dans un choix de musiques universel et du terroir, mettant ainsi en valeur son instrument qu'il a baptisé ́ ́Trompette arabe ́ ́. Le soliste, accompagné par son fils Tarab (11ans), lui aussi trompettiste, a exécuté les oeuvres des compositeurs universels Marc Antoine Charpentier, Giuseppe Verdi, Henri Purcell et Jean Baptiste Loeillet. Ces oeuvres classiques ont été mêlées à des improvisations basées sur les ́ ́Maqamats ́ ́ orientaux et les musiques traditionnelles libanaises telles ́ ́Arrouzana ́ ́ et ́ ́La danse Abbas ́ ́ créant des passerelles culturelles entre les deux rives de la méditerranée. ́ ́La danse algérienne ́ ́, musique appartenant au patrimoine libanais, selon M.Maalouf, évoquerait des liens historiques qui auraient existé entre l'Algérie et le Liban, ce que M.Ait Aoudia Lounis, président de l'Association organisatrice de l'évènement, a considéré comme une piste à explorer à l'avenir. Dans des interventions ponctuelles, M.Maalouf, évoquant ses débuts, a fait part de sa profonde tristesse de ne pouvoir interpréter les airs qui ont bercé son enfance avec son instrument de prédilection, car démuni du quart de ton, se lançant par la suite dans des explications techniques, schémas à l'appui, pour étayer ce qu'il qualifiera d' ́ ́invention au service de la musique arabe ́ ́. Ce travail de recherche, vécu comme un vrai défi, consiste en le rajout d'un quatrième piston à la trompette qui réduira encore de moitié la tonalité des demi-tons existant pour en obtenir des quarts. Ce quatrième piston permettra la formation de la gamme semi chromatique, elle même issue de la succession des treize notes graduées en demi-tons, de la tonalité la plus grave vers la plus aigue, de la ́ ́tonique ́ ́ (note de base) à l' ́ ́octave ́ ́ (huitième note) qui forme la gamme chromatique ordinaire. En présence de la centenaire, doyenne de la Casbah, Mme Hammadou Ouardia, de personnalités historiques et quelques membres fondateurs de l'Association des amis de la rampe Louni Arezki, l'assistance a pu assister à une séance didactique donnée avec une pédagogie de maître autour d'un instrument occidental qui s'est ouvert à la culture orientale. Né au Liban en 1940, Nassim Maalouf, père du célèbre trompettiste Ibrahim Maalouf, a perfectionné sa pratique de l'instrument et ses connaissances en musique à Paris, avant d'intégrer l'Orchestre de Munich après qu'il eût été élève de Maurice André, trompettiste de renommée mondiale, disparu en 2012. Son amour à la musique et son attachement à ses origines feront naître des ambitions prometteuses chez ses enfants auxquels il donnera pour trois d'entre eux, les prénoms de ́ ́Maoual ́ ́, ́ ́Tartil ́ ́ et ́ ́Tarab ́ ́ qui l'a accompagné lors de cette rencontre organisée dans le cadre de la célébration du mois du patrimoine. Fondé en 2000, l'Association des amis de la rampe Louni Arezki se dévoue à la préservation et la pérennisation du patrimoine de la Casbah antique, symbole culturel et civilisationnel à travers ses repères et sa mémoire, oeuvrant, par ailleurs, à la transmission aux générations futures, de ce legs historique et culturel qu'ont laissé les artisans de l'indépendance, bâtisseurs de l'Etat algérien. Domiciliée au Palais El Minzah par le propriétaire des lieux El Hadj Ahmed Maarouf, l'association a, depuis sa création, organisé plusieurs manifestations culturelles et historiques et projette, très prochainement, la programmation d'autres rencontres autour de la vie et l'oeuvre de Abdelhalim Ben Smaya et Mohamed Bencheneb, deux illustres figures du patrimoine algérien. Louni Arezki, martyr de la révolution, guillotiné en avril 1957 par le colonialisme français, est natif de la région de Makouda (Tizi Ouzou) en avril 1924 avant de s'établir à la Casbah d'Alger avec ses parents où il passera toute son enfance et sa jeunesse. Militant de première heure pour l'indépendance de l'Algérie, Louni Arezki était connu pour son humanisme, son courage et son dévouement à la cause nationale.