Mercredi dernier, les senteurs et les sonorités de l'Orient se sont harmonieusement mêlées à celles de l'Occident, pour un concert exceptionnel du trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf, qui a proposé, au public nombreux de la salle Ibn Zeydoun, un spectacle riche en couleurs, en nuances, en univers et en rythmes. À 19h déjà, la salle était archicomble et le public venu découvrir la musique d'Ibrahim Maalouf, s'impatientait… de curiosité. La curiosité d'explorer un nouvel univers, mais également en raison de l'instrument si extraordinaire d'Ibrahim Maalouf, à savoir sa trompette arabe puisqu'elle permet de réaliser les quarts de tons. Inventée au milieu des années 1960 par son père, Nassim Maalouf (également trompettiste), la trompette d'Ibrahim est un héritage qui en plus de son nom (Maalouf) lui permet de se distinguer, de s'illustrer et d'interpréter la musique classique arabe. Le moment tant attendu arrive : Ibrahim Maalouf entre sur scène accompagné de ses cinq musiciens et c'est parti pour une intro Jazz, pure et dure. Le concert s'est ensuite articulé autour de morceaux calmes et softs qui emportent et embarquent ; ponctué par des musiques plus rythmées et festives. En effet, le rythme et encore moins le swing n'ont pas manqué aux six musiciens, qui ont charmé l'assistance. De plus, la plupart des morceaux rythmés étaient d'abord très festifs, puis devenaient plus calmes, voire mystiques, et au moment où les spectateurs commençaient à applaudir, croyant que c'était la fin du morceau, la musique s'accentuait et prenait de l'intensité. Cette manière de jouer ou encore ces partitions s'apparenteraient à la musique soufie et même à la transe. La musique d'Ibrahim Maalouf s'appuie donc sur un mode cyclique. Par ailleurs, le musicien a proposé un concours du public. En fait, il a fredonné un air musical, a demandé au public de le répéter (comme il fait dans chacune de ses scènes) et l'a enregistré ; ainsi, le public qui remporte le concours fera l'intro d'un morceau sur le deuxième album. À la fin, il a été question d'une “dabké” qui a fait danser toute la salle et Ibrahim Maalouf de faire un bain de foule. Le concert terminé, les musiciens quittent la scène, mais le public les rappelle pour jouer encore un dernier morceau. Conquis, fasciné et attentif, le public a été charmé par Ibrahim Maalouf, sa musique, ses musiciens et son instrument.