C'est le triste constat d'un football qui peine à installer une politique de formation. L'équipe nationale de football est retournée au pays où elle a été accueillie par le ministre de la Jeunesse et des Sports en personne. Une fois de plus pourrait-on dire car il est connu que dès que le sport fait déborder de ferveur populaire les villes d'un pays, il est vite instrumentalisé par les politiques. Ce phénomène n'est pas propre à l'Algérie; il se retrouve dans tous les pays de la planète même ceux qui passent pour être les chantres de la liberté d'expression et de la démocratie. L'EN est retournée au pays et notre football va retrouver le train-train de son soporifique championnat. Voilà où se situe le hic d'une histoire qui n'en finit pas et où il est question d'une équipe nationale aux résultats en dents de scie avec un football qui bat de l'aile. L'histoire retiendra, à cet effet, que l'EN de la CAN 2004 s'est appuyée sur une ossature de joueurs émigrés. Ce n'est pas la première fois qu'elle le fait. Même la grande équipe de 1982 avait eu recours aux professionnels avec les résultats probants que l'on connaît. Seulement cette équipe-là avait en son sein des joueurs locaux au talent indéniable comme Rabah Madjer, Lakhdar Belloumi, Ali Fergani, Salah Assad, Chaâbane Merzekane ou Mahmoud Guendouz. La cuvée 2004 n'est, malheureusement, pas aussi riche en joueurs du championnat national de grande envergure. Le 3e et dernier match du premier tour de la CAN contre le Zimbabwe, dans lequel l'équipe alignée était, essentiellement, composée de joueurs locaux, avait été un test des plus édifiants et avait montré les limites de ces derniers. Peut-on leur en vouloir? Absolument pas car ils ne sont que les victimes d'un système complètement déglingué où l'on veut construire une élite sans se soucier de ce qui se passe à la base. En bref, ces joueurs ont atteint la catégorie senior sans avoir eu la formation adéquate lorsqu'ils étaient plus jeunes. Ils sont arrivés au football avec des qualités mais aussi avec d'énormes carences qu'ils n'ont que partiellement corrigées et qu'ils continuent de traîner dans le championnat national. C'est de cela dont parlent Rabah Sâadane et Mohamed Raouraoua. Ils estiment qu'il ne faut pas parler de performance lorsque des clubs de l'élite n'ont même pas le minimum en matière de préparation, de récupération et surtout de formation. Les deux responsables du football algérien indiquent, à juste titre, que l'équipe nationale ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. Ses bons résultats sont de nature à faire tomber dans la somnolence les politiques qui pensent qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter dès lors que les couleurs nationales sont bien défendues. Il se trouve que cette situation n'est vécue qu'épisodiquement au point où notre football a connu une descente vertigineuse dans la hiérarchie mondiale. Aujourd'hui l'Algérie du football se tourne vers son émigration pour tenter de remonter dans ce classement. Elle fait comme tous les autres pays du continent au nom du sacro-saint constat que l'élite du football africain se trouve en Europe. S'il est parfaitement admis qu'un émigré a les mêmes droits qu'un joueur local, on ne peut négliger le fait que notre pays, de par les potentialités qui sont les siennes, est en mesure de perpétuer les bons résultats de son équipe nationale à partir de son championnat local. En d'autres termes, l'Algérie ne peut être comparée à de nombreux pays africains, car elle a les moyens de mettre en oeuvre une réelle politique de formation. L'erreur qui est commise consiste à laisser les clubs faire du n'importe quoi alors qu'ils bénéficient de la rente que leur octroie l'Etat. Ces clubs là il faut les épauler, les guider vers l'essentiel qui est que le football ne peut survivre qu'à partir de la base et qu'une équipe nationale ne peut être forte qu'en s'appuyant sur un football fort. L'émigration doit constituer la cerise sur le gâteau d'un système parfaitement forgé aux règles du renouvellement de l'élite à partir d'une politique de formation bien huilée. C'est à ce titre que l'Algérie pourra se dire qu'elle jouera en permanence dans la cour des grands et non de façon irrégulière où les bas dominent les hauts. Les résultats de la CAN 2004 n'ont, dans ce cas, pas à être utilisés comme une fin en soi par ceux-là mêmes qui décident du sort de l'Algérie. De notre envoyé spécial