Ce n'est pas la première fois que le MJS organise des débats de ce genre Une conférence nationale sur le sport se tiendra à Alger dans les prochains jours, pour débattre de la nouvelle politique destinée à remettre sur les rails l'éducation physique et sportive en Algérie, a annoncé lundi le ministre de la Jeunesse et des Sports, M.Yahia Guidoum. La rencontre à laquelle prendront part l'ensemble des acteurs du mouvement sportif national, permettra d'aboutir à une «politique sportive nationale rénovée». Convenons que la décision du ministre ne vise, ni plus ni moins, qu'à relancer la machine sportive en Algérie, une machine grippée depuis de nombreuses années si l'on se fie aux résultats enregistrés par nos athlètes dans quelques grandes compétitions internationales. Seulement on ne manquera pas de se demander si la démarche du ministre n'a pas un aspect de déjà-vu. Des conférences, des séminaires, des colloques et toutes sortes de réunions sur le sport que le lexique autorise, il y en a eu en Algérie et l'on est forcé de dire qu'on n'en a pas vu les effets. Tout ce qu'on a pu constater, c'est que ces débats ont été conjoncturels pour répondre à une urgence sans qu'il y ait, toutefois, application sur le terrain. Si cela n'a pu se faire ce n'est pas tant parce que le ministre initiateur n'était pas convaincu de sa démarche mais bien parce qu'il n'a jamais eu le temps de le faire puisqu'à chaque occasion il était remplacé. On notera, à cet effet, que le ministère de la Jeunesse et des Sports a dû battre un record du monde en matière de changement de titulaire du poste de ministre durant ces quinze dernières années. Comme il est connu que celui qui arrive a horreur d'appliquer ce que son prédécesseur a élaboré, et la remise sur les rails du mouvement sportif national ne s'est jamais réalisée. Ce que l'on peut remarquer c'est que le ministère de la Jeunesse et des Sports ne réagit que lorsque le football essuie un revers sous forme de débâcle. Ce sport, phénomène de société par excellence, est la locomotive du mouvement sportif national et tout échec de sa part est assimilé à une véritable catastrophe. L'histoire retiendra que la plus grande décision qui a été prise en faveur de ce sport ne l'a pas été par le ministère qui en avait la charge, mais par le chef de l'Etat lui même. Cela se passait en 1977 avec l'avènement du code de l'EPS. A cette époque, le conseil des ministres, sous la présidence de feu Houari Boumediene, avait provoqué une révolution en décidant de placer les clubs de l'élite sous la coupe d'entreprises publiques. On ne peut dire que cela n'a eu que des effets positifs (l'une des carences du code de l'EPS a été de n'avoir pas permis aux clubs de s'équiper en conséquence et d'avoir des centres de regroupement propres à eux. La politique de formation ayant été défaillante, l'élite sportive n'a pas été renouvelée), mais sur le terrain, on a pu obtenir des résultats conséquents. Cette situation était intervenue dans un contexte où l'équipe nationale de football n'arrivait pas à décoller en dépit de la victoire finale lors du tournoi des Jeux méditerranéens de 1975 qui avaient eu lieu à Alger. 1975 avait, d'ailleurs, vu les acteurs du football se réunir lors d'un séminaire au CNEPS de Ben Aknoun pour des résultats qui n'avaient jamais été appliqués sur le terrain. La première réelle initiative du MJS pour tenter de relancer le sport a eu lieu en 1994 lorsque Sid Ali Lebib était le titulaire du portefeuille. C'est sous sa direction que se tinrent les premières assises du sport national suivies peu de temps après par des assises sur le football national. Pendant des jours, au Palais des Nations du Club des Pins, tout ce que l'Algérie compte en experts du sport s'étaient réunis et en étaient ressortis avec des résolutions reproduites dans de volumineux documents. Lebib n'avait même pas eu le temps de les faire diffuser qu'il avait été remplacé et les fameux documents ont dû rejoindre les recoins poussiéreux d'un placard. Le diagnostic du mal dont souffrait le sport et le football avait, pourtant, été établi et on était en droit de voir le MJS en définir la thérapie. Elle n'est jamais venue. En juin 1996, l'équipe nationale de football avait subi une autre humiliation en se faisant sortir d'entrée de jeu des qualifications à la Coupe du monde de 1998. A la suite de quoi, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mouldi Aïssaoui avait dissous le Bureau fédéral de même que la Ligue nationale. Une décision qui avait eu des effets néfastes sur notre sport puisque la FIFA avait refusé un tel diktat et demandé que le Bureau fédéral vienne, en AG, défendre son bilan. L'instance internationale était allée jusqu'à refuser l'élection du nouveau président de la FAF en la personne de Mohamed Laïb. Mouldi Aïssaoui avait, également mis sur pied une cellule de réflexion pour le redressement du football. Une cellule qui s'était réunie plusieurs fois pour sortir avec des résolutions qui, elles aussi, n'avaient jamais été appliquées. Idem en 2001 lorsque l'équipe nationale de football avait été lourdement défaite en Egypte dans un match comptant pour la qualification à la Coupe du monde de 2002. Là aussi on avait créé une commission spéciale pour tenter de trouver des solutions au football algérien. On avait vainement attendu les résultats de cette commission. Ce que préconise aujourd'hui Yahia Guidoum semble être une action que l'on a déjà vu. Une conférence nationale c'est bien, mais qui peut nous garantir que ce qui en sortira sera bien appliqué sur le terrain ? On a tellement pris l'habitude de voir les choses stagner que l'on a appris à se méfier. Le devenir du sport est entre les mains des plus hautes autorités du pays. C'est à elles que revient le privilège d'élaborer une politique en ce sens, mais une politique qui renverse des tabous et non pas celle qui est faite d'atermoiements. Le sport en général, le football en particulier ont besoin d'une révolution du genre de celle de 1977. Les autres «révolutions» ne pourraient être assimilées qu'à des opérations de replâtrage.