«Ils» ont proposé au militant du RCD, Amenouche Amar, de les aider à éliminer Saïd Sadi, car c'est un homme qui veut déstabiliser le pays. Cette révélation a été faite, hier, par le président du RCD au sujet d'un kidnapping dont a été victime un militant du parti. Invité au forum du quotidien El-Youm, pour exposer son analyse de la situation, notamment en Kabylie, M.Sadi a été amené à réserver la grande partie de son intervention à cet incident qu'il a qualifié de gravissime. Quant aux faits, il s'agit, explique le patron du Rassemblement, d'un militant qui a été kidnappé le 7 octobre dernier vers 21 heures par cinq individus cagoulés et armés. L'enlèvement a eu lieu à Azazga, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Ligoté, bâillonné et les yeux bandés, le militant du RCD s'est fait introduire dans un endroit inconnu. C'est alors que commenèrent les interrogatoires, la torture et ensuite cette fameuse proposition d'assassiner le président du RCD, qui ne veut pas intervenir pour arrêter ce qui se passe en Kabylie. Saïd Sadi a indiqué que les tortionnaires de Amenouche «dont l'un parlait correctement kabyle et un autre s'exprimant aussi bien en arabe qu'en français», lui suggèrent de prendre conscience du fait que «le président du RCD est un traître qui veut ruiner la Kabylie pour la vendre...». Et Sadi d'ajouter: «A la question d'Amenouche de savoir pourquoi il a été choisi lui spécialement, ses ravisseurs répliquent: seul un militant reconnu par tous peut avoir de vraies raisons d'exécuter des responsables qui ont trahi leur combat.» Refusant quand même d'accomplir la «mission», le militant du RCD serait menacé dans sa personne et sa famille, s'il venait à parler. Vingt jours plus tard, le militant Amenouche, qui n'a pas cédé à la menace, a parlé et le RCD, clame Sadi, ne va pas se taire. En effet, le premier responsable du Rassemblement a révélé que le Président de la République et le Chef du gouvernement ont été informés des faits dimanche dernier. Le cas d'Amenouche Amar et la menace d'assassiner Saïd Sadi ont été également exposés aux représentations diplomatiques à Alger. Par ailleurs, une plainte contre X sera déposée très prochainement par le parti auprès de la justice algérienne. Mais qui sont les auteurs de ce double crime ? La réponse de Saïd Sadi n'a laissé aucun doute. «Dès le début, on n'a pas cédé à la précipitation au risque d'accuser des innocents... On a pensé au GIA, à un règlement de comptes, à la mafia... 20 jours plus tard et après avoir écouté la victime plusieurs fois, on sait que c'est un segment du pouvoir qui en est l'auteur». «Les visées de ces gens, indique Sadi, ne s'arrêtent pas à des intimidations dont nous étions d'ailleurs victimes lors de notre périple en Kabylie. Ils passent à une vitesse supérieure». Sans citer de noms ou localiser avec précision le segment du pouvoir, l'allusion du président du RCD renvoie aisément aux services de sécurité. A ce propos, l'invité du forum dira avec emphase que «l'affaire Amenouche risque de compliquer la situation». Au terme de son intervention, M.Saïd Sadi a fait une déclaration qui sonne comme un constat têtu: «Nous sommes face à un pouvoir bloqué et affolé. Ceux parmi eux qui font de la prospective savent que l'alibi islamique pour se maintenir ne tient plus. Alors la confusion devient le carburant du régime, le débat ne le sert point.»