Le journal L'Expression a été le premier média et sans doute le seul qui avait évoqué, le 9 avril dernier, la possible sélection du film de Mohamed Hamidi, Né quelque part en compétition au Festival de Cannes. C'est chose faite, mais on ne s'attendait pas à ce que ce film soit sélectionné de cette façon aussi spectaculaire. C'est du jamais-vu au Festival de Cannes. En effet, deux jours avant l'ouverture du 66e Festival de Cannes et alors que la sélection avait été bouclée et finalisée et les catalogues imprimés, le comité de sélection a rajouté un film en sélection officielle: le long métrage de l'Algérien Mohamed Hamidi, Né quelque part, avec Jamel Debbouze. C'est d'ailleurs la star franco-marocaine qui a forcé ses relations pour que le film soit accepté et sélectionné par le Festival de Cannes. Le film est inscrit sous la bannière française et il est produit par la société de production de Jamel Debbouze, Kissfilms, celle-là même qui avait produit et imposé le film Indigènes de Rachid Bouchareb en 2007. Le film est également coproduit avec France 3 cinema Mars films (France) Juror productions (France) et surtout Agora films (Maroc) et Frakas Productions (Belgique). Cette opération démontre, si besoin est, la force du lobbying du comique franco-marocain dans l'univers du cinéma français. Aucun producteur français et encore moins algérien ne pouvait imposer son film à Cannes et surtout pas en sélection officielle. Jamel Debbouze a prouvé avec cette sélection surprise et forcée qu'il avait un soutien de taille dans le monde du showbiz français. Mais cette sélection n'a rien d'artistique ou cinématographique, c'est la preuve réelle du travail en coulisses que font les Marocains en France. Tout est relatif. Jamel Debbouze possède un soutien de taille: le conseiller du roi Mohammed VI, André Azoulay. Le père fondateur du Festival de Marrakech et de tous les événements culturels en relation avec la France. Le 9 mai dernier, deux figures importantes de la gauche étaient au Maroc pour faire des conférences: l'ex-patron du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, avait, en effet, participé à une conférence sur la zone euro, organisée par une université privée à Marrakech. Quant à l'ex-compagne de François Hollande, Ségolène Royale, elle était également à la ville ocre pour participer aux Journées d'étude organisées par l'Association internationale des régions francophones «Airf», qu'elle préside. Même si les deux visites n'ont aucune relation avec le Festival de Cannes, reste qu'il faut décrypter la sélection du film de Debbouze, comme un cadeau de la France au Maroc pour son «hospitalité politique», des choses qui auraient pu être réglées aussi lors de la visite au Maroc du président français, François Hollande le 3 avril. Côté cinéma, le film de Hamidi sera projeté en séance spéciale, réservée aux lycéens de la Région Paca. La projection se tiendra le mardi 21 mai à 14h dans la salle du 60e, en présence de l'équipe du film. Le film Né quelque part qui a été tourné en France et même en Algérie, raconte l'histoire de Farid, un jeune homme d'origine algérienne, ayant toujours vécu à Montreuil. Lors d'un séjour dans son pays d'origine pour régler une affaire de famille, il fait la connaissance de son cousin et se fait voler ses papiers. Farid est contraint de rentrer en France via les filières clandestines. Le scénario est signé par Mohamed Hamidi et Alain-Michel Blanc (César du meilleur scénario original pour Va, vis et deviens, en 2006). La production sera assurée par Nicolas Duval, Yann Zenou et Laurent Zeitoun, de Quad Films. C'est le premier long métrage du réalisateur franco-algérien, Mohamed Hamidi. Après des études d'économie-gestion, Hamidi enseigne à Bobigny pendant une dizaine d'années. Il abandonne l'enseignement pour se consacrer à l'art et coécrit et met en scène le spectacle de Jamel Debbouze: Tout sur Jamel. Jamel Debbouze tiendra l'un des rôles principaux de Né quelque part, au côté de Tewfik Jallab et Abdelkader Secteur, la dernière collaboration entre Debbouze et l'humoriste algérien avant leur séparation. Enfin, malgré l'absence de l'Algérie dans la compétition du Festival de Cannes, cette année, un réalisateur algérien y est en compétition, 38 ans après la Palme d'or décrochée par Mohamed Lakhdar Hamina avec son film Chronique des années de braises.