Les forces de sécurité irakiennes de nouveau prises à partie dans un attentat. Falloujah, la ville rebelle irakienne du triangle sunnite a été hier secouée par deux nouveaux attentats qui ont fait, selon un premier bilan 23 morts et 35 blessés. Ces attentats ont été commis hier matin, contre les locaux du commissariat de police de la ville et contre l'annexe des forces auxiliaires de police (défense civile). C'est le troisième attentat, en moins d'une semaine, perpétré contre les forces de sécurité irakiennes, collaboratrices des forces d'occupation de la coalition américano-britannique. Déjà mardi dernier, à Iskandariyah, un attentat dont la cible était, un commissariat de police avait occasionné la mort de 55 personnes. Le lendemain, mercredi, c'est au centre de recrutement de la nouvelle armée irakienne, à Bagdad, que la guérilla s'est attaquée laissant 47 morts sur le terrain. Hier, ce n'étaient plus des attentats à la voiture piégée, mais un assaut en règle qui a été mené contre le commissariat de la ville. Dans le même temps une autre attaque, spectaculaire, était fomentée contre le bâtiment des forces auxiliaires de la défense civile irakienne d'où 22 prisonniers ont été libérés. Une première en Irak depuis le début des hostilités entre la résistance et les forces d'occupation de la coalition. Cela démontre, à tout le moins, qu'une résistance, plus ou moins organisée, existe en Irak laquelle ne se limite pas uniquement à la guérilla menée par les débris, ce qui subsiste de l'ancien régime baâssiste, comme tente de le faire croire le commandement central américain, Centcom. De fait, au moins une quarantaine des dirigeants parmi les plus recherchés, dont Saddam Hussein, ont été arrêtés par les forces américaines ces dernières semaines. La recrudescence de la violence en Irak intervient au moment où des émissaires de l'ONU se trouvent dans le pays avec deux objectifs au moins : évaluer la situation sécuritaire d'une part, la faisabilité d'une élection directe d'autre part. Il semble que sur les deux points, la réponse de l'ONU soit négative. En effet, à propos de la situation sécuritaire prévalant en Irak, M.Annan, secrétaire général de l'ONU, exclut, dans les conditions de sécurité actuelles, un retour rapide du personnel onusien en Irak. Pour ce qui est de l'organisation d'une consultation directe, l'émissaire de l'ONU, Lakhdar Brahimi, conseiller spécial de M Annan, se montre assez sceptique et doute que les conditions soient réunies pour ce faire. De fait, M.Brahimi indique «Nous sommes tous d'accord sur le fait que les élections sont très importantes, mais les Irakiens doivent savoir qu'il s'agit d'un processus très compliqué qui ne peut avoir lieu sans une bonne préparation». Aussi, dans ce contexte, le représentant de l'ONU a dit, à propos de la possibilité d'organisation de ce scrutin, «Je crois que l'ONU souhaiterait être présente à chacune des étapes à partir de maintenant» Dans une conférence de presse donnée vendredi, le conseiller spécial du secrétaire général de l'ONU met en effet en garde les Irakiens contre l'aventure d'une guerre civile, indiquant «J'ai exhorté (le Conseil transitoire de gouvernement) et j'appelle chaque Irakien à comprendre que les guerres civiles ne sont pas déclenchées par la décision d'une personne. Les guerres civiles ont lieu car des gens sont sans scrupules, des gens égoïstes, des groupes pensant plus à eux-mêmes qu'à leur pays». Toutefois, M.Brahimi se dit également confiant que les Irakiens sauront prendre leur destin en charge déclarant «Je suis optimiste car ils (les Irakiens) semblent tous conscients du fait que le pays fait face à des problèmes, à des difficultés, et ils affirment tous vouloir trouver un consensus». Ce qui n'empêcha pas le diplomate algérien d'affirmer «Mais je suis également un peu perturbé car il y a des dangers très, très graves». C'est sans doute cette gravité de la situation qui fait que les Etats-Unis voulant se dégager le plus rapidement possible du bourbier où ils se sont engagés, maintiennent leur intention, malgré les réserves chiites, de transférer le pouvoir aux Irakiens au plus tard le 30 juin prochain, comme l'a déclaré hier un porte-parole du département d'Etat.