Après Falloujah, Mossoul est à son tour dans le collimateur de l'armée américaine qui éprouve des difficultés à «nettoyer» le pays. Mossoul, la grande métropole du Nord était ces derniers jours le point de mire des forces américaines, soutenues par des policiers et des gardes irakiens (en l'absence de l'existence d'une armée irakienne), en vue de déloger les commandos rebelles qui y ont pris position depuis leur expulsion de Falloujah. De fait, l'expectative entoure l'offensive menée depuis le 8 novembre contre le bastion sunnite de Falloujah qui ne s'est toujours pas rendu, où des poches de résistance continuent à tenir tête aux forces conjuguées des GI's et de leurs auxiliaires irakiens. D'ailleurs, si les autorités militaires américaines évoquent volontiers les «succès» remportés à Falloujah contre les rebelles sunnites, ils ne croient pas en la victoire pour autant. Bien au contraire, la situation semble se compliquer par le fait que dès qu'un «foyer d'incendie» est éteint ici, un autre se déclare ailleurs. Falloujah n'est pas encore totalement reconquise que Mossoul fait la vie dure aux forces d'occupation et leurs auxiliaires irakiens. Ainsi, les corps de neuf policiers irakiens ont été découverts hier à la périphérie de Mossoul, sans doute tués lors de l'assaut donné en début de semaine dernière par les rebelles contre les commissariats de la ville qu'ils avaient investis durant une journée avant de les abandonner. Dans cette guerre, où tous les coups sont permis, les faits d'armes se circonscrivent à qui tue le premier, et cela est encore plus vrai pour les Marines américains qui tirent, sans sommation, à l'arme lourde sur tout ce qui bouge. Alors qu'à Falloujah l'armée américaine se trouve, depuis quelques jours, dans une «phase finale» dont elle ne voit pas l'issue, à Mossoul des commandos rebelles ont renforcé leur présence dans la vieille ville et se préparent à un combat qui s'annonce aussi meurtrier que celui de Falloujah, dont les bilans, controversés, (1200 rebelles, 51 soldats américains et «8» gardes irakiens ont été tués selon le bilan fourni par l'état-major américain) demeurent amputés des vraies pertes américaines, et des victimes civiles de l'offensive «Opération El Fajr». De fait, des sources proches des «moudjahidine» islamistes affirment que 400 soldats américains ont été tués lors de l'offensive contre Falloujah, alors que l'état-major américain ne reconnaît la mort que de 51 de ses éléments. Mais la vraie question est encore de savoir quel est le nombre de morts civils, car le bilan des victimes civiles du «nettoyage» de Falloujah est entouré d'un black-out total. A Mossoul, les accrochages entre les rebelles et les forces sécuritaires irakiennes se sont soldés les deux derniers jours par la mort de 60 rebelles et celle de 20 policiers irakiens selon des sources proches des autorités de la ville. La violence, outre ces places fortes de la résistance, Falloujah et Mossoul, continue de faire des victimes dans d'autres régions de l'Irak qui n'ont pas été épargnées par les attentats et autres attaques contre des objectifs américains, mais dont les civils irakiens en payent une large partie. Toutefois, la violence qui persiste et s'étend à des régions jusqu'ici calmes, ou préservées, accentue le doute sur la tenue des élections générales irakiennes prévues avant la fin de janvier prochain. L'échéance se rapproche chaque jour davantage et rien n'indique que l'Irak se dirige vers un mieux autorisant un scrutin régulier. De fait, le climat général dans le pays fait plutôt craindre une nouvelle flambée de violence d'autant plus que l'offensive menée conjointement par les forces d'occupation américaines et un gouvernement intérimaire totalement inféodé aux Etats-Unis, contre les sunnites irakiens, fait craindre un clash entre les deux principales communautés irakiennes. Ainsi, les sunnites appellent-ils au report des élections au moment où les chiites pressent les autorités de respecter le calendrier établi. Mais, en filigrane de cette incertitude sur la tenue du scrutin électoral, il y a le fait que l'offensive menée contre les sunnites à Falloujah et à Mossoul, par un gouvernement intérimaire à majorité chiite, fait encore craindre une rupture du consensus interirakien. Ce qui à l'évidence ne travaille ni à la restauration de la sécurité dans le pays ni, a fortiori, à rassembler les fils de l'Irak pour la reconstruction du pays.