«L'urgence pour eux (les Maliens) et pour la médiation, c'est la libération de Kidal. Après l'élection, un gouvernement légitime pourra mieux examiner les revendications des groupes rebelles du nord du Mali» a déclaré le chef de la diplomatie burkunabé. L'émissaire malien Tiébilé Dramé a rencontré hier à Ouagadougou le président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur régional dans la crise malienne, qui compte engager dans les «prochains jours» des discussions avec les groupes armés occupant la ville de Kidal (nord-est). Récemment nommé conseiller spécial pour le nord du Mali, l'ancien ministre a été reçu par M.Compaoré, médiateur pour le compte de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui était accompagné de son chef de la diplomatie Djibrill Bassolé. L'émissaire du président malien de transition Dioncounda Traoré n'a pas fait de déclaration à la sortie. «L'urgence pour eux (les responsables maliens, ndlr) et pour la médiation, c'est la libération de Kidal. Après l'élection, un gouvernement légitime pourra mieux examiner les revendications des groupes rebelles du nord du Mali», a déclaré M.Bassolé après l'entretien. Kidal, ville du nord-est du Mali, est occupée par deux groupes armés touareg: le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et le Mouvement islamique de l'Azawad (MIA), dissident des islamistes armés d'Ansar Dine. Ils refusent l'entrée de l'armée et de l'Etat maliens dans la ville, hypothéquant la tenue de l'élection présidentielle prévue dans le pays en juillet. Selon M.Bassolé, la médiation burkinabé souhaite ouvrir dans les «prochains jours» des négociations avec le MNLA, le MIA ainsi que le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), un autre groupe armé. «La question n'est pas simple mais il y a déjà des acquis», a-t-il affirmé, rappelant qu'une déclaration solennelle avait été faite en décembre 2012 à Ouagadougou par les «groupes armés non terroristes» garantissant le «principe de respecter l'intégrité du territoire malien, le principe de laïcité, de rejet du terrorisme et le principe d'accepter le redéploiement de l'administration d'Etat sur toute l'étendue du territoire». «Aujourd'hui plus que jamais, ces principes sont d'actualité», a-t-il jugé. Pour permettre la tenue d'élections, «il faut naturellement que le territoire soit réunifié, que les groupes armés maliens qui tiennent encore quelques positions acceptent de désarmer et acceptent de rentrer dans un processus de normalisation», a ajouté le ministre burkinabé. La mission de M.Dramé est «d'établir les contacts avec tous les groupes armés en vue de créer un environnement sain pour permettre la tenue de l'élection présidentielle sur toute l'étendue du territoire national», a-t-on précisé de source officielle malienne. Son déplacement au Burkina Faso est le premier voyage à l'étranger effectué par cet émissaire dans le cadre de sa mission. Une élection présidentielle, réclamée par la communauté internationale, est prévue au Mali en juillet. Le président Dioncounda Traoré a assuré la semaine dernière qu'il «ferait tout» pour qu'elle débute le 28 juillet. La principale difficulté sera d'organiser le scrutin dans le nord du pays, en raison de la situation à Kidal et des attaques sporadiques menées par les jihadistes, qui occupaient la région depuis 2012 avant d'en être chassés depuis janvier par une opération militaire franco-africaine.