Le courant salafiste djihadiste en Tunisie projette de concrétiser un agenda lié aux desseins de l'organisation d'Al Qaida dans le but d' « intimider » l'Etat tunisien et ses institutions, et de « déstabiliser » l'Algérie, ont souligné mardi des analystes politiques tunisiens. Le dérapage sécuritaire qui a prévalu en Tunisie après la chute de l'ancien régime et la libération des détenus salafistes ont constitué « un facteur essentiel dans la consolidation » du courant religieux extrémiste qui est parvenu à se procurer des armes de Libye et de contrôler les mosquées pour propager son idéologie « destructrice », a indiqué le politologue tunisien Kasmi al Djamiî. Il a précisé, à ce propos, que l'évolution de la situation dans la région a poussé les salafistes extrémistes en Tunisie à envoyer les jeunes en Syrie pour combattre le régime de Bachar al Assad pour adopter, par la suite, une autre stratégie dans le sud du Maghreb arabe soit le nord du Mali. Evoquant l'agenda que s'est fixé d'exécuter le courant salafiste djihadiste en Tunisie, il a affirmé que toutes les conditions précédemment citées ont contribué à ancrer ces groupes extrémistes qui «se retrouvent aujourd'hui en situation de défi patent » face à l'Etat tunisien et ses institutions. Ces groupes, a-t-il encore dit, tendent à imposer une nouvelle situation de fait accompli liée aux desseins de l'organisation d'Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) cherchant, ainsi, à « intimider la Tunisie » et tentant de « déstabiliser l'Algérie ». De son côté, le politologue Nasreddine Benhadid a estimé que les salafistes djihadistes en Tunisie visaient, du point de vue stratégique, à constituer des réseaux pour ensuite les relier entre eux dans le but d'asseoir le supposé Khalifat. Cette vision salafiste se heurte, cependant, aux stratégies politiques des différents pays de la région, a-t-il poursuivi. Ainsi, estime-t-il, l'Algérie « occupe une place exceptionnelle » dans ce schéma étant donné qu'elle a mené une « guerre contre le courant salafiste djihadiste depuis les années 90 ». Il est donc évident que l'Algérie est désormais « l'ennemi stratégique de l'ensemble des courants salafistes », selon les propos de l'expert qui a constaté que ces courants sont pour le moment soit « dans l'incapacité de nuire » à l'Algérie, soit l'Algérie « ne figure pas parmi leurs priorités ». La « Syrie, venant en tête » de leurs priorités, a-t-il relevé.