Après avoir réussi à se faire payer une rançon après l'enlèvement des 7 otages français, le groupe terroriste nigérian, Boko Haram, a accusé hier l'armée de son pays d'avoir commis des massacres et exhibé cette fois-ci, des otages africains. Le chef présumé du groupe islamiste nigérian Boko Haram a revendiqué deux récentes attaques dans le nord-est du Nigeria, dans une vidéo présentant également des femmes et des enfants africains comme des otages. C'est la seconde fois que le groupe reconnait détenir des femmes et des enfants. «Nous sommes responsables de l'attaque de Bama (nord-est)», affirme Abubakar Shekau en référence à une opération spectaculaire menée le 7 mai par Boko Haram, qui avait fait 55 morts. Le groupe revendique également l'attaque du 16 avril contre la localité de Baga (extrême nord-est, sur les rives du lac Tchad), suivie d'une violente répression par l'armée, ayant fait au total 187 morts. La vidéo montre Abubakar Shekau, considéré comme «terroriste» par les Etats-Unis, assis sur un tapis avec une Kalachnikov reposant contre son épaule droite. Les militaires nigérians ont été accusés par des organisations non gouvernementales et des témoins d'avoir causé un grand nombre de morts dans les violences de Baga, en mettant délibérément le feu à des milliers d'habitations qui ont été détruites. «C'est vous, forces de sécurité, qui avaient pénétré le lendemain (du 16 avril, ndlr) dans la ville, mettant le feu aux habitations et tuant les gens indistinctement», accuse le chef présumé de Boko Haram, groupe extrémiste qui entend instaurer un Etat islamic dans le pays. Les militaires ont plusieurs fois démenti les accusations d'exactions, affirmant que seules 37 personnes avaient été tuées dans les violences de Baga, dont 30 islamistes présumés, alors que la Croix-Rouge a fait état de quelque 200 morts. Au bout de sept minutes de cette vidéo qui en compte douze, l'écran se divise en deux, montrant à gauche le chef présumé de Boko Haram et sur la droite, un groupe comptant une dizaine de femmes et d'enfants noirs. Abubakar Shekau affirme que ce groupe est tenu en otage en représailles à la détention par les militaires nigérians de femmes et d'enfants de membres de Boko Haram. «Tant que nous n'aurons pas vu nos femmes et enfants, nous ne relâcherons jamais ces femmes et enfants», menace le chef du groupe islamiste. L'insurrection islamiste a accusé à maintes reprises l'armée d'arrêter des membres de leurs familles. Cette vidéo de Shekau est semblable à d'autres vidéos rendues publiques par le groupe, et son message a été également publié par courrier électronique, méthode précédemment utilisée par Boko Haram pour diffuser ses messages. A Bama (est du Nigeria), selon l'armée, des raids simultanés avaient été menés par environ 200 hommes lourdement armés de Boko Haram, arrivés en ville à bord d'un bus et de six voitures 4X4. Les insurgés avaient tué 55 personnes, dont 22 policiers, deux soldats, et 14 gardiens de prison, avant de libérer 105 prisonniers, et saccager des bâtiments gouvernementaux, un poste de police et une école primaire. L'Etat de Borno - considéré comme une place-forte de Boko Haram - a été le théâtre de nombreuses attaques depuis que le groupe armé a relancé son insurrection en 2009. Les violences liées à cette insurrection et à sa répression par l'armée ont fait 3 600 morts depuis 2009, selon Human Rights Watch. Vendredi, le président nigérian, Goodluck Jonathan, a convoqué une réunion d'urgence avec les responsables de la sécurité du pays, centrée sur les violences dans le pays. Quelques jours plus tôt, M. Jonathan avait indiqué que le Nigeria connaissait une «période éprouvante». «Nous sommes confrontés à des défis du Sud au Nord, de l'Est à l'Ouest», a déclaré le président du pays le plus peuplé d'Afrique comptant 160 millions d'habitants. Le Nigeria fait face, notamment, à une insurrection du groupe islamiste Boko Haram, très actif dans le nord et le centre du pays, ainsi qu'à des actes de piratage au large de ses côtes et d'enlèvements divers, notamment d'étrangers. R. I.