Cinquante ans et toutes ses dents? L'Union africaine (UA) célébrait, hier, en grande pompe au siège de l'organisation à Addis-Abeba, la fondation, il y a cinquante ans? le 25 mai 1963, de l'Organisation de l'unité africaine (OUA-UA). Certes! Mais après? Quelles avancées l'Afrique a réalisé au long de cette période, dans les domaines de la politique, de la démocratie, des droits de l'homme et de la bonne gouvernance? Au moment où l'Afrique regarde en arrière et fait son bilan - va-t-elle? en fait, le faire à l'occasion de cette date symbolique? - que voit-elle réellement? Il est vrai que la situation économique du continent connaît un mieux qu'il serait mal-venu de ne pas relever. Mais à part cela? Quid du développement global, de la fin des hégémonies politiques, du droit à la santé - le sida continue de menacer une bonne partie de l'Afrique australe, quand l'espérance de vie d'un jeune Africain est l'une des plus basses du monde. De multiples raisons expliquent cette terrible hécatombe: la faim, les maladies, les conflits - et à l'éducation pour tous? C'est sur ces dossiers que l'on attend les responsables africains. Ils sont cruciaux pour le devenir de l'Afrique qui reste - outre le joug des oligarchies locales - sous la mainmise des multinationales qui accaparent ses richesses et induisent la persistance des guerres et - en dépit du mieux économique - du sous-développement endémique. A ces malheurs, l'Afrique - on en parle très peu au moment où l'assainissement de l'environnement est devenu la bataille de l'heure en Occident - s'est transformée en dépotoir de l'Occident pour ce qui est des déchets dangereux, déchets nucléaires, notamment en contradiction avec la convention de Bâle (1989) sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de ces déchets, notamment ceux issus des centrales nucléaires. Mais l'Afrique ne dispose ni des moyens matériels, ni financiers pour contrôler les milliers de conteneurs de déchets qui transitent ou sont déversés sur le continent. Plusieurs affaires ont d'ailleurs défrayé la chronique lors de la dernière décennie. Une certitude, les chefs d'Etat africains réunis à Addis-Abeba ne gâcherons pas leur fête d'anniversaire en parlant de problèmes terre-à-terre qui bloquent le développement du continent. En fait, les famines continuent de guetter l'Afrique qui, loin d'être sortie de l'auberge, sollicite l'aide de la communauté internationale. A ce propos, quels sont sur le continent africain les effets de l'Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) initié par l'ONU en 2000 qui devait réduire l'écart entre - en particulier - l'Afrique et les pays développés à l'horizon 2015 et l'élimination de la pauvreté? Or, la date butoir approche, quels progrès ont été accomplis par l'Afrique, pour réduire la mortalité des enfants - qui reste élevée - la mortalité maternelle, l'amélioration de la nutrition et la diminution de la mortalité due à l'infection au VIH, à la tuberculose et au paludisme? Dans un autre contexte, le PAM (Programme alimentaire mondial) intervient tous azimuts en Afrique tentant de venir en aide aux pays frappés soit par la sécheresse persistante, soit par les guerres. Au début des années 2000, les Africains mourraient de faim, l'ONU et les Etats-Unis leur ont offert du maïs transgénique, un substrat des OGM (organismes génétiquement modifiés, dont l'Afrique a été de fait un terrain d'expérimentation). Qu'en est-il aujourd'hui? Les dirigeants africains, réunis à Addis-Abeba, vont-ils aborder ces vrais problèmes du continent en présence du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, présent dans la capitale éthiopienne? M.Ban va-t-il rappeler les objectifs de l'OMD alors que nous ne sommes plus qu'à deux encablures de sa date limite? Cela n'est, en fait, que l'un des aspects des difficultés auxquelles est confronté le continent africain. Car, que dire en effet, de ces pays pauvres qui investissent des milliards de dollars dans l'achat d'armes de guerre pour des conflits fratricides, comptant sur l'aide internationale pour nourrir leurs peuples? Il ne sert à rien de se cacher ces vérités qui ont plongé l'Afrique dans des situations inextricables peu en rapport avec ses immenses richesses minières et pétrolières. Aussi, en cette date anniversaire, une seule question mérite d'être posée: qu'a réalisé (positivement pour l'Afrique) l'OUA-UA en cinquante ans d'existence?