Un enfant meurt toutes les trois minutes en Afrique. L'espérance de vie d'un jeune Africain est l'une des plus basses des cinq continents. De multiples raisons expliquent cette terrible hécatombe : la faim, les maladies, ou pire, les conflits dont ils sont les victimes innocentes. L'Afrique, qui accueille le plus grand Sommet consacré à la terre et à la croissance, connaît un mauvais développement général qui a induit une plongée sans frein dans la pauvreté; concentre en elle les endémies les plus tenaces, dont le sida qui détruit à petit feu nombre de pays (20% à 40% des populations du Zimbabwe, de la Zambie et de l'Afrique du Sud sont porteuses du virus VIH du sida. Selon l'Onusida, il y a près de 25 millions de séropositifs en Afrique australe) alors que les conflits rongent ce qui est encore sain. L'image est sans doute cruelle, mais est expressive de l'Afrique, du moins sa partie subsaharienne, en l'an 2002. A ces malheurs, s'additionne le fait que l'Afrique est devenue la poubelle de l'Occident pour ce qui concerne les déchets dangereux, déchets nucléaires notamment, cela en totale contradiction avec la convention de Bâle (1989) sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de ces déchets, singulièrement ceux issus des centrales nucléaires. A tous ces maux récurrents, s'ajoute aujourd'hui le poids de la famine et du dérèglement climatique. Sept millions de personnes, menacés par la famine en Afrique australe, sont en attente d'une aide urgente de l'ONU et de la communauté internationale. De fait, l'organe spécialisé de l'ONU, le PAM (Programme alimentaire mondial) prévoit même que ce chiffre est susceptible de doubler d'ici à la fin de l'année. Aussi, à quoi ont bien pu servir les conférences et sommets sur le développement organisés par l'ONU dans le courant de cette dernière décennie, quand le gaspillage, apanage des pays riches, est encore le mode de vie le plus usité d'un Occident plus que jamais égoïste et insensible devant la détresse et le désespoir des peuples de l'hémisphère sud. Les Africains meurent de faim, l'ONU et les Etats-Unis leurs offrent du maïs transgénique, un substrat des OGM (organismes génétiquement modifiés) pour pallier la situation catastrophique de sept pays d'Afrique australe. Ces OGM, un don du ciel, ou une nouvelle menace pour l'être humain? Très prudents, les scientifiques demeurent partagés et n'arrivent pas en vérité, à trancher, même si l'OMS affirme qu'ils ne présentent aucun danger. Certes, en Afrique australe, il y a urgence, faut-il pour autant se hasarder à l'expérimentation aussi massive d'un produit dont les effets secondaires ne sont pas précisément déterminés? Si, mis au pied du mur, six pays, acculés par la famine, ont accepté de recevoir le maïs américain, la Zambie, pour sa part, l'a catégoriquement refusé. Cela n'est, en fait, que l'un des aspects des difficultés auxquelles est confronté le continent africain. Car, que dire en effet, de ces pays pauvres qui investissent des milliards de dollars dans l'achat d'armement de guerre pour des conflits fratricides, comptant sur l'aide internationale pour nourrir leur peuple? C'est cela aussi l'autre revers de la médaille africaine, dont une part importante de la dette extérieure est due à l'achat inconsidéré d'un armement dont l'argent aurait été mieux utilisé pour améliorer le bien-être des populations. Il ne sert à rien de se cacher ces vérités qui ont plongé l'Afrique dans une situation inextricable peu en rapport avec ses immenses richesses minières et pétrolières. Au moment où le monde se penche sur les maux de la terre, l'Afrique veut aussi sa part des richesses de la planète pour assurer sa croissance. Car l'inégalité n'est pas une fatalité, mais bien plus un concours de circonstances qui a mis les petites nations, et nombre de peuples, en marge d'un développement accaparé par la boulimie des pays avancés. C'est à ce déséquilibre que le sommet de Johannesburg doit apporter une réponse.