La défense des trois militantes du groupe féministe Femen, jugées mercredi pour une manifestation seins nus à Tunis, se disaient confiants avant le début de leur procès, malgré la menace d'une peine de prison ferme. Maître Patrick Klugman, venu de France pour représenter Femen et les familles des activistes --deux Françaises et une Allemande--, a indiqué avoir été autorisé à plaider mercredi matin et s'est dit optimiste, le parquet ayant décidé de fonder son accusation sur la notion de «débauche » et non sur l'atteinte aux bonnes mœurs. Ce délit reste passible de six mois ferme. « On reproche au Femen d'avoir commis un acte de débauche or l'infraction n'est pas constituée ni matériellement ni intellectuellement. Leur corps n'est pas un objet d'exhibition pour séduire mais un message politique (...) qui est contraire à la débauche », a-t-il expliqué. « Si on raisonne juridiquement, en aucun cas le tribunal, en respectant la loi, ne peut les condamner », a-t-il ajouté, assurant par ailleurs être venu défendre « la liberté d'expression des femmes, des Femen et leur message ». « Nous allons demander qu'on écoute ces Femen au lieu de les regarder », a conclu Me Klugman. Signe de la sensibilité du sujet dans ce pays conservateur dirigé par les islamistes d'Ennahda et confronté à l'essor de groupes salafistes, la Tunisie a arrêté dans son hôtel puis expulsé mardi, selon Femen, une militante ukrainienne venue soutenir ses consœurs. Le mouvement qui se définit comme «sextrémiste » voit dans cet incident, que les autorités tunisiennes n'ont pas confirmé, un mauvais présage. « C'est un signal que le tribunal ne jugera pas sur le droit mais que sa décision sera politique », a estimé Inna Shevchenko, figure de proue de Femen basée à Paris. Les trois militantes avaient mené la première action seins nus de Femen du monde arabe à Tunis le 29 mai en soutien à Amina Sbouï, une activiste tunisienne détenue depuis le 19 mai et qui doit être entendue par un juge d'instruction mercredi dans le cadre de poursuites pour atteinte aux bonnes mœurs et profanation de sépulture. Le tribunal de Kairouan (centre)où l'interrogatoire doit se tenir était sous haute surveillance policière dans la matinée, de peur de débordements, Amina ayant été arrêtée après avoir peint «FEMEN » sur un muret mitoyen d'un cimetière musulman pour dénoncer un rassemblement de la mouvance salafiste.