La pression est montée d'un cran aux Etats-Unis sur celui qui a fuité l'existence d'un vaste système d'espionnage des communications, Edward Snowden, alors que ses faits et gestes demeuraient un mystère depuis qu'il a quitté son hôtel de Hong Kong lundi. La sénatrice démocrate Dianne Feinstein, présidente de la commission du renseignement et poids-lourd du Congrès, a parlé «d'un acte de trahison» et réclamé son extradition de Hong Kong aussi vite que possible. «Tous les ministères s'activent vivement» en ce sens, a-t-elle dit aux médias. Snowden fait toujours l'objet d'une enquête du ministère de la justice. Le sénateur démocrate Bill Nelson a lui aussi appelé à son extradition. «Nous ne pouvons pas garantir la sécurité nationale si les secrets sur nos méthodes de renseignement ne sont pas gardés», a-t-il déclaré. Une éventuelle extradition, si elle est demandée par Washington, pourrait se heurter au veto de Pékin. Mais l'accord d'extradition entre Washington et Hong Kong «est encore en vigueur et nous l'avons utilisé activement au fil des ans», a rappelé la porte-parole du département d'Etat. L'ancien consultant du renseignement américain a toutefois quitté son hôtel de l'ancienne colonie britannique, selon le New York Times. Il s'y était réfugié après avoir donné au quotidien britannique The Guardian et au Washington Post des informations confidentielles sur des pans entiers du programme de surveillance de l'Agence nationale de sécurité (NSA). Le fugitif est sorti de l'ombre dimanche dans un entretien vidéo publié par le Guardian. «Mon unique objectif est d'informer les gens de ce qui est fait en leur nom et de ce qui est fait contre eux», a-t-il expliqué. Le représentant républicain Pete King, traitant Snowden de «transfuge», a aussi rappelé sur CNN que révéler des informations classifiées pouvait coûter 15 à 20 ans de prison. A Hong Kong, la députée pro-Pékin Regina Ip a jugé que la ville serait «obligée d'honorer les accords» passés avec Washington. Mais la jeune «taupe» de 29 ans, qui a dit sacrifier sa famille voire risquer sa vie «pour la démocratie», a aussi trouvé des supporteurs, dont Ron Paul, ancien candidat à l'investiture républicaine pour les élections présidentielles de 2012, que Snowden avait soutenu en contribuant financièrement à sa campagne. Celui-ci a estimé que Snowden et le journaliste du Guardian ayant publié en premier l'information, Glenn Greenwald, avaient «rendu un grand service aux Américains en révélant la vérité sur ce que (le) gouvernement fait en secret». Son fils, le sénateur Rand Paul, a annoncé son intention d'intenter une action collective en justice contre l'Etat fédéral, pour laquelle il espère rassembler 10 millions d'Américains. Depuis l'ambassade équatorienne à Londres, où il est reclus depuis près d'une année, le fondateur de WikiLeaks Julian Assange a qualifié hier de «héros» le jeune homme et indiqué qu'il avait été en contact indirect avec son entourage.