Le G8 qui se réunissait pour deux jours (hier et aujourd'hui) à Lough Erne en Irlande du Nord - outre le conflit syrien sur lequel les grandes puissances économiques mondiales semblent irréconciliables - étudiera en particulier la persistance de la crise économique qui frappe de plein fouet l'Occident et singulièrement le fléau qui lui est adjacent, les «paradis fiscaux». Evidemment, il ne sera question ni de remise en cause d'un système financier et monétaire international obsolète - qui a largement montré ses limites - et encore moins de la manière de mieux distribuer les richesses de la Terre entre ses populations. Ce sont donc ceux-là qui ont mis à genoux l'économie mondiale qui, loin d'admettre leurs erreurs, continuent, avec la même constance, à faire payer leurs propres égarements aux pays en développement. Il est en effet estimé, qu'annuellement, ce sont quelque 125 milliards d'euros (155 milliards de dollars) de recettes fiscales qui échappent aux pays pauvres. L'exemple de la Grèce, surendettée, est édifiant puisque ce pays, qui est plongé dans une grave crise financière, n'est en fait qu'un iceberg dans l'océan du mensonge occidental quant à la réalité du dysfonctionnement du système financier international qui est paradoxalement aujourd'hui l'instrument de domination de l'Occident. La crise des subprimes de l'été 2008 aux Etats-Unis et les multiples faillites des banques privées américaines et européennes ont mis à nu les incohérences et limites du système monétaire international issu des accords de Bretton Woods de 1944. Un système qui n'est plus adapté au monde d'aujourd'hui. D'autant moins adapté que l'on feint de découvrir l'existence de paradis fiscaux - qui ont fait des ravages dans l'économie mondiale et particulièrement dans celle des pays en développement - qui sont d'abord le fait de ceux qui dirigent au plan politique, économique et financier - notamment - les banques, les multinationales, les pays et les Etats. Ce sont eux qui «planquent» cet argent, souvent soustrait aux communautés nationales, dans ces paradis pour riches, dont l'expression anglaise tax haven (refuge fiscal) exprime bien la notion de «fuite» qu'elle sous-tend. Le G8 va ainsi évoquer ce problème mais sans doute pas sous l'angle d'y mettre un terme par une révision opportune du fonctionnement du système financier et monétaire actuel. Ce serait trop demander. Or, les crises répétitives dudit système, outre d'être le fait des pays riches, auraient dû alerter quant à la caducité d'une doctrine qui ne répond plus aux besoins de gouvernance financière mondiale. Il y a le cas de la Grèce - le plus médiatisé et pour cause -, mais il n'y a pas que la Grèce et, nombreux sont aujourd'hui les pays menacés de banqueroute en guise de sanction du système en question. Tous les pays occidentaux - y compris les Etats-Unis - vivent au-dessus de leurs moyens. La crise qui met les grandes puissances économiques et les institutions financières internationales dans tout leur état, jette une lumière crue sur des Etats gangrenés par la corruption, les passe-droits, le vol organisé (le service de la dette du FMI) et bien entendu ces fameux «paradis fiscaux». Ces derniers restent une retombée directe du dysfonctionnement des finances mondiales. D'autre part, la crise économique - qui frappe notamment le Vieux Continent - a aussi mis à nu l'hypocrisie des uns, l'équivoque des autres. Cela pour dire qu'il y a des pays qui n'ont vraiment pas de leçons à donner. En fait, la grande finance internationale est un monde totalement corrompu, comme l'ont clairement montré les scandales des subprimes qui ont emporté dans leur sillage des dizaines de grandes banques aux Etats-Unis et en Union européenne. Que dire des agences de notation, dont la fiabilité a été grandement mise en doute puisque sujettes à caution. Effectivement, c'est l'ensemble du système qui gère les finances mondiales qui n'est plus fiable et doit être aujourd'hui remis en cause. On aurait pu s'attendre à ce que les grandes puissances en viennent à penser à réformer un système sclérosé, devenu un handicap pour l'économie mondiale. Or, les Etats-Unis - qui sont les premiers à tirer profit de ce système fait à leur mesure et fonctionnant autour du dollar américain - et les grands argentiers des grandes puissances financières refusent d'en entendre parler. Et ce n'est certes pas en Irlande du Nord que l'on va enfin discuter d'un système financier désormais altéré. D'où l'avenir et le devenir de la doctrine libérale.