Le surendettement de la Grèce, qui a plongé le pays dans une grave crise financière - outre de le faire passer sous les fourches caudines du FMI - n´est en fait qu´un iceberg dans l´océan du mensonge néolibéral occidental. La crise des subprimes de l´été 2008 aux Etats-Unis et la crise grecque en passant par les multiples faillites des banques privées américaines et européennes - ces deux dernières années - ont mis à nu les incohérences et limites du système monétaire international issu des accords de Bretton Woods. Un système qui n´est plus adapté au monde d´aujourd´hui. Les crises répétitives du système financier international auraient dû alerter quant à la caducité d´un système financier ne répondant plus aux besoins de gouvernance financière mondiale. Nous en voyons les résultats en Grèce alors que d´autres pays de la zone euro (Portugal, Irlande, et Espagne) se trouvent sous la menace de la banqueroute qui faillit emporter le pays des Hellènes. Il n´y a pas que la Grèce qui vivait au-dessus de ses moyens, encore que cette crise a jeté une lumière crue sur un Etat gangrené par la corruption et autres passe-droits. Cependant, la crise du surendettement grec et la manière dont l´Union européenne - singulièrement ses deux mentors: la France et l´Allemagne - a pris en charge le dossier, mettent à nu les hypocrisies des uns, les équivoques des autres, l´Allemagne allant jusqu´à suggérer la «sortie» de la Grèce de la zone euro. Certes, la fuite en avant des dirigeants grecs - qui ont durant des années maquillé et caché la gravité des dettes de l´Etat - y est pour beaucoup dans l´élargissement de la dette publique, estimée en 2010 à près de 300 milliards de dollars, soit 115% du PIB (Produit intérieur brut). Ce qui est colossal pour ce petit pays. Il est vrai, mais que dire de l´endettement public de la France évalué en 2010 à près de 2000 milliards de dollars (81,5% du PIB). Selon l´Institut français de statistique économique (Insee), la France est le 19e pays le plus endetté dans le monde par rapport à son PIB. Idem pour l´Allemagne qui n´est pas très loin avec un endettement public avoisinant les 78,7% de son PIB. Bien sûr, la France et l´Allemagne, ce n´est pas la Grèce, mais il n´en reste pas moins que ces deux puissances font dans l´hypocrisie lorsqu´elles tancent le pays hellénique sans d´abord balayer devant leur propre porte. Cela pour dire qu´il y a des pays qui n´ont vraiment pas de leçons à donner. En fait, la grande finance internationale est un monde totalement pourri, comme l´ont clairement montré les scandales des subprimes qui ont emporté Lehman Brothers et dans son sillage, des dizaines de grandes banques aux Etats-Unis et en Union européenne. Que dire des agences de notation, dont la fiabilité a été grandement mise en doute et est sujette à caution, celles-ci ayant été incapables de prévoir les calamiteuses retombées des subprimes. Par ailleurs, à la lumière de la crise du surendettement de la Grèce, il est apparu plus facile de sauver des banques privées de la faillite - en y injectant des centaines de milliards de dollars - qu´un Etat. Effectivement, c´est le système qui gère les finances mondiales qui n´est plus fiable et doit être aujourd´hui remis en cause. Comment pouvait-il en être autrement sachant que Bretton Woods (créée en 1944) avait pour mission la reconstruction et le développement économique des pays touchés par la Grande Guerre. En 2010 pouvait-on encore continuer à opérer et à s´appuyer sur un système devenu caduc? Il est patent qu´il appartient aux grandes puissances, qui ont vicié le système monétaire international, de songer à sa réforme. Or, les Etats-Unis en tête, les grands argentiers des grandes puissances financières refusent d´en entendre parler. Cqfd!