Il y a moins d'une semaine, un important réseau d'Algériens, vétérans de la guerre d'Afghanistan, a été démantelé. La capitale, Sarajevo, a été, pendant plusieurs jours, une zone de tension extrême et a vécu une série d'arrestations et de mesures de sécurité draconiennes. Le ministère des Affaires étrangères bosniaque avait alors parlé de suspects qui auraient «des liens directs avec l'Afghanistan, Ben Laden et l'activisme international». Parmi ce groupe, outre les deux premiers ressortissants algériens arrêtés une semaine plus tôt, il y avait au moins cinq Algériens suspectés de «liens avec le terrorisme». L'exode des Algériens, qui avaient fait la guerre contre la Russie, a commencé en 1992, au début des exactions serbes contre les musulmans. La guerre, une véritable purification ethnique contre les musulmans, a duré de 92 à 95 et avait motivé l'arrivée en masse des combattants du djihad d'un peu partout des pays musulmans. Près de 15.000 musulmans ont combattu aux côtés des Bosniaques musulmans et après la guerre, 70% d'entre eux avaient préféré y rester et bénéficier de la nationalité bosniaque, selon le gouvernement central de Bosnie. Au moins quatre cents Algériens ont rejoint la Bosnie et y sont restés pour la plupart d'entre eux. La fin du problème bosniaque a enclenché d'autres connexions. Les plus actifs d'entre eux, rompus à la guérilla et ayant bénéficié de l' «apport» de la guerre contre la Russie (ex-URSS) et qui avait duré près de dix ans, se sont constitués en réseaux performants. Kamredine Kherbane y a fait fonctionner ses premiers noyaux et ses premiers camps d'entraînement. Etant un pays fraîchement sorti de l'enfer de la guerre, la Bosnie constituait un «vivier» et une zone d'activité irremplaçable. Les armes de la guerre, après la paix, furent somises à un bradage par la mafia locale et ont été vite achetées par les réseaux d'activistes algériens. Ainsi, des centaines d'armes et des hommes sont passés par la Bosnie avant de revenir grossir les rangs des groupes armés de Médéa et de l'Ouest. La Bosnie a aussi représenté un repli et une «pause-patience» pour les différents commandos du GIA, soit en partance pour l'Afghanistan soit en déplacement vers l'Europe, comme elle a été un terrain propice à l'entraînement et au perfectionnement. Divers réseaux s'y sont rencontrés et y ont noué ou consolidé leurs liens. Un véritable carrefour pour le trafic d'armes venant des anciens pays de l'Est et du Moyen-Orient. Comme ce fut le cas pour l'Afghanistan, la Bosnie a accueilli des combattants arabes, algériens, jeunes beurs et anciens afghans. Comme pour la ville des Pachtounes, Kaboul, la Bosnie sera encombrée par ceux-là mêmes qui sont venus lui prêter main forte. L'accord signé à Paris, le 14 décembre 1995 met fin à la présence de 2.500 mercenaires en Bosnie. Pour contourner cet obstacle, beaucoup y ont pris femme et élu domicile. Souvent financés par de riches manipulateurs du djihad, ils sont en rade, à attendre, avant d'être envoyés dans d'autres points chauds du monde, là où l'appel du djihad se fait sentir. Après l'Afghanistan et la Bosnie, beaucoup de ces Algériens ont servi en Tchétchénie contre la Russie. En attendant encore et toujours de faire la guerre.