L'instruction est ficelée avec l'aval de la Centrale syndicale «Basta à la contestation, dialoguons maintenant!» semble dire Abdelmalek Sellal en tendant la main aux partenaires sociaux. «J'insiste particulièrement sur l'application diligente des dispositions de la présente instruction dont la sérénité du monde du travail et les performances attendues de l'outil de production sont grandement dépendantes.» C'est en ces termes que le Premier ministre a conclu une instruction qu'il vient d'adresser expressément aux walis et aux présidents des SGP. Une instruction qui a sanctionné une réunion tenue le 17 juin dernier avec le patron de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd. Selon les termes contenus dans cette instruction, dont nous détenons une copie, le Premier ministre a particulièrement insisté sur le dialogue avec les partenaires sociaux qui selon lui, constitue la seule manière de contenir la grogne sociale en gestation. Aussi, le document du Premier ministre a tout l'air d'une soupape qu'il convient d'ouvrir pour apaiser cette tension sociale perceptible. «Il faut inciter les partenaires sociaux à dynamiser le dialogue ou à mettre en place, selon le cas, le cadre adéquat d'une concertation permanente et constructive, à tenir les réunions périodiques prévues par la loi», a instruit le Premier ministre, ajoutant qu'il faut «respecter toutes les étapes du dialogue et de la négociation avant le recours à d'autres formes de contestation qui mettent en péril l'entreprise et l'emploi». Plus alerte, M.Sellal a encore insisté, dans son document, sur l'apaisement et le règlement des conflits par le dialogue, à ce que soit «apportée toute l'assistance et le soutien nécessaire aux partenaires sociaux pour rapprocher les points de vue, prévenir toute détérioration du climat social et concourir au règlement de tout différend collectif de travail dans l'intérêt bien compris de l'entreprise et des travailleurs». L'instruction ficelée avec l'aval de la Centrale syndicale tranche avec le discours autoritariste qui radicalise plus qu'il tempère les ardeurs d'une société qui sort d'une guerre civile et redécouvre le plaisir d'une vie calme et sereine. «La consolidation du dialogue social doit donc permettre de renforcer la confiance entre les partenaires sociaux et à ces derniers de partager les informations, d'affiner la stratégie, de coordonner leurs actions et de protéger l'entreprise de toute perturbation pouvant porter atteinte à ses objectifs d'amélioration des conditions de vie des travailleurs et de contribution au développement national», a encore souligné le Premier ministre. «Basta à la contestation, dialoguons maintenant!» semble dire Abdelmalek Sellal qui tend ainsi la main aux partenaires sociaux. Il a d'ailleurs bien exprimé cette vision à l'ouverture des travaux du Forum économique et social organisé par le Conseil national économique et social avant-hier. M.Sellal a appelé à combattre la «culture de la haine», un phénomène qu'il a qualifié de «frein» au développement du pays. «Nous devons combattre la culture de la haine, car c'est l'un des freins au développement du pays», a-t-il préconisé. «Nous n'avons pas le droit de développer cette culture qui ne touche pas, heureusement, l'ensemble des personnes en Algérie, mais je suis certain qu'avec toutes les bonnes volontés, nous donnerons le meilleur de nous-mêmes pour le bien des enfants de notre pays. Nous avons le devoir de le faire et le gouvernement le fera», a encore soutenu M.Sellal. Il y a une réelle volonté d'apaiser une situation qui évolue depuis des mois, sinon des années, sur le fil du rasoir. C'est le cas de le dire puisque cette instruction du Premier ministre intervient au moment où une ébullition sociale se fait de plus en plus sentir. Elle intervient également à la veille du Ramadhan, un mois propice à la protestation. A première vue, il n'y a rien d'anormal que le Premier ministre appelle à une concertation et à l'apaisement. Mais, il y a comme un désir d'imprimer une dynamique alternative afin de dégager une nouvelle forme de rapports, d'aller plus vite, d'accélérer...