L'enjeu du design en Algérie est une question capitale à laquelle les industriels doivent être associés... Sculpteur de lumière, le designer algérien Yamo, de son vrai nom Yahiaoui Mohamed, qui vit et travaille actuellement à Tunis, continue d'exposer ses oeuvres au Musée des beaux-arts. C'est un artiste mondialement connu et reconnu dans le monde et cette exposition est de fait considérée comme un événement culturel de taille. Avant de venir exposer dans son pays, Yamo a parcouru le monde par ses expositions et interventions en architecture intérieure et design d'objets et mobiliers. Professionnel jusqu'au bout des ongles et désireux de faire partager sa passion aux autres, Yamo a lancé le 7 février dernier un atelier d'une semaine avec les étudiants de la section design de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger d'où il est issu. C'est aujourd'hui à 10 h que sera clôturé cet atelier de design suivi d'un débat avec les étudiants et professeurs de l'école. Avant cela, Yamo, conformément à son programme tracé durant ce séjour qu'il a voulu bénéfique pour tous, a rencontré mercredi dernier des industriels algériens avec qui il a eu une très riche et animée discussion sur les perspectives d'intégration du design dans l'entreprise algérienne. Il faut souligner de prime abord le nombre infime de ces derniers. Est-ce à dire que le design intéresse peu ou pas nos industriels? Ou que les Algériens n'ont pas de goût? «Le marché du design existe bel et bien chez nous, affirme Yamo, il n'y a qu'à prendre comme exemple le désir de chacun de changer de portable (...) on utilise des subterfuges marketing, ce qui nous manque en Algérie». Yamo propose la tenue de salons professionnels pour combler ce vide. «Nous avons un autre problème. On s'adapte à la mode, on copie l'Europe par souci d'économie et de rapidité. Un mobilier aurait plus de valeur s'il était signé par un designer. Cela fait vendre. Mais nous n'avons pas ça ici», témoigne un industriel, et de dire un peu plus loin: «Un désigner qui ne travaille pas avec un industriel est en statut d'artiste comme le peintre et c'est triste». Yamo fait ce triste constat. «Concrètement, combien d'Algériens exposent au Salon du design de Milan? Aucun!». N'étant pas contre le marché informel du design, Yamo fera remarquer que c'est à travers lui qu'on trouve cette liberté de créer. Il exhortera, à juste titre, à créer le lien entre le designer et l'industriel. «Le stage en entreprise n'existe pas aujourd'hui et c'est dommage». Il démontrera à travers les nombreux travaux réalisés en Tunisie combien le tourisme et donc l'hôtellerie sont importants là-bas. «On doit faire au moins comme les Tunisiens, c'est le chemin le plus proche». Et de dire pour clore: «Je viens en Algérie pour dire que tout est possible. C'est rien! Tout est dans la tête. Ce sont les outils et l'envie de faire. Le rythme de construction et l'organisation sont aussi importants». Il suffit donc d'un peu de volonté pour être original et créatif...