Dans le cadre de la deuxième édition du Festival panafricain, le pavillon « A » du Palais des Expositions de la Safex ( Pins Maritimes) abrite jusqu'au 20 août prochain, de 15h à 20h, une exposition de design africain intitulée : « Manières de vivre, relectures ». Une panoplie de designers africains ont, de part leur travaux, tenté de donner une approche personnelle de cet art. Le commissaire de cette exposition, M. Zoubir Hella, estime que cette exposion prouve que les designers du continent ne veulent pas rester en marge des efforts qui visent à améliorer le quotidien de leurs concitoyens. « Cette exposition indique que si l'objet que l'on consomme n'est pas innocent et non dénué de défaut, il a des vertus qui peuvent prendre en charge les enjeux économiques ». Une petite visite au niveau du pavillon « A » permet de recenser des espaces rivalisant de créativité et de recherche. La scénographie, confiée à Assia Ouled Kabila, est irréprochable. Le blanc redondant des murs a donné plus d'aura aux œuvres exposées. En tout, ce sont pas moins de 29 designers qui ont présenté des objets fonctionnels alliant tradition et modernité. Certains designers ont opté pour la récupération des déchets. Les déchets recyclés deviennent des objets usuels d'art. D'autres ont utilisé des matériaux ordinaires pour donner naissance à des pièces artistiques. Diplômée en design aménagement à l'école supérieure des Beaux Arts d'Alger, Souad Delmi Bouras travaille dans une agence de design à Alger où elle conçoit et réalise des aménagements et des supports graphiques. A travers l'objet baptisé « Afri-K », Souad propose une table basse ou un meuble bas pour écran plasma avec un rangement au-dessous. Avec du bois Koto africain, elle a ajouté une teinte pour le rendre marron-nègre. Par dessus, elle a placé une plaque en plexiglas s'emboîtant sur le meuble en question. Souad qui caresse le rêve d'ouvrir un atelier Showroom de design espère que cela ne s'arrêtera pas à l'exposition elle-même. « Je voudrai, dit-elle, que les industriels viennent découvrir nos travaux afin, pourquoi pas ? d'éditer certains de nos produits. Une collaboration étroite doit avoir lieu entre les industriels et nous autres, designers. » Diplômée de l'école des Beaux Arts d'Alger en design aménagement, Rédha Ighil consacre l'essentiel de son temps à l'agence de design et d'architecture intérieure qu'il a créée à Alger et qui porte son nom. Parallèlement, il conçoit et réalise des objets et mobiliers divers lui permettant de poursuivre ses recherches personnelles. Perfectionniste à l'extrême et soucieux du détail, Rédha dévoile des lumineurs et une chaise longue (relaxation). L'assise de cette dernière est monoque. Rédha a utilisé deux matériaux, en l'occurrence le bois et le plexiglas pour donner naissance à une seule expression. Il a livré la chaise dans un état tel que le consommateur peut faire des combinaisons adéquates. « Nous voulons, nous autres, designers, nous faire connaître à notre juste valeur. On veut à tout prix nous faire rentrer dans la sphère culturelle alors que nous appartenons au secteur économique. les opérateurs savent à présent que les designers algériens existent et sont capables de travailler. La présente exposition est une euphorie du moment. Qu'adviendra-t-il de nous demain alors qu'il y a un manque d'infrastructures et de visibilité ? », lance Rédha sur un ton animé et connaisseur à la fois. Pour sa part, Rehali Izemrane, expose une bibliothèque paraphe en métal chromé, répartie sur quatre étagères en verre avec en prime deux arcs rembourrés. Ce design au talent avéré a été exposé en 2004 à la biennale internationale de design de Saint Etienne où il a été sélectionné dans l'exposition itinérante mondiale Made in Africa. Mieux encore, il a conçu et réalisé l'aménagement de plusieurs espaces. En 2008, il a été édité par Roche Bobois et il a reçu le 2e prix Ali Maâchi décerné par le Président de la République aux jeunes créateurs. Mohamed Yahia, alias « yasmo », diplômé de l'école des Beaux Arts d'Alger (1982) puis de l'école supérieure des Arts décoratifs de Paris en Design industriel (1986), a conçu une installation originale, répartie sur une grande surface. Le visiteur est convié à accéder dans une pièce sombre et feutrée où la lumière est omniprésente au niveau de certains endroits et où une belle odeur taquine les narines. Le centre de l'espace est occupé par une table fantaisiste avec au milieu une coupe de dattes. A défaut de placer des bougies sur la table, Yamo a utilisé un genre de baguettes en cuivre desquelles sortent des flammes. Au-dessus pend un lustre à gouttes en forme de poisson. Pour Yamo, cet espace est dédié au rêve et au repos. L'interprétation est libre puisque le sujet est d'emblée basculé dans le rêve « Ce n'est pas aisé de matérialiser une émotion. Il faut que les gens sentent cette tranquillité en rentrant dans cet espace », explique-t-il. Installé à Yaoundé, Angy Haif présente une tenue féminine, montée avec des calebasses et du fil de raphia. Ce styliste de mode a toujours travaillé sur des matériaux naturels (racines, raphia, lianes...) et de récupération. Il a embrassé l'univers de la mode en produisant ses propres vêtements. Il a organisé de nombreux défilés dans son pays ainsi qu'en France, en Allemagne, au Niger, au Etats-Unis, en Côte d'Ivoire. Il est à la tête d'une agence de mannequins et d'une association de créateurs de mode camerounaise. D'origine camerounaise, Cheikh Diallo a parcouru le monde en poursuivant des activités en design. Ses créations sont régulièrement exposées dans les salons et les biennales. Il est fondateur de l'association des designers africains et assure pleinement les influences africaines de son travail. Son talent se donne à voir avec trois reposoirs : un rocking-chair et un fauteuil, confectionné à partir de métal et de boîtes de conserve. Le deuxième siège intitulé « Nafi » est fait à partir de métal et de nylon tressé. Cette exposition de designers peut se targuer de rassembler des esprits créatifs. D'où un déplacement au niveau du pavillon A est à conseiller absolument !