Les inculpations se poursuivaient hier en Turquie après les manifestations antigouvernementales sans précédent qui ont secoué le pays pendant trois semaines, avec 22 nouveaux suspects placés en détention préventive à Ankara. Un tribunal de la capitale turque a inculpé 22 suspects et a ordonné leur mise sous écrou pour leur participation aux manifestations, a affirmé l'Association des avocats contemporains (CHD), précisant que trois autres personnes ont été relâchées avec un placement sous contrôle judiciaire. L'inculpation porte sur leur rôle dans l'organisation des manifestations et leur participation supposée à des actions violentes au nom d'une organisation clandestine, a rapporté la chaîne d'information CNN-Türk sur son site internet. Ces mises sous écrou font suite à un coup de filet mené mardi par la police contre des milieux d'extrême gauche à Istanbul et Ankara. Le ministre turc de l'Intérieur, Muammer Güler, avait souligné mardi que l'opération était préparée de longue date mais que les suspects étaient également impliqués dans les manifestations. «L'opération, préparée depuis un an (...) vise l'organisation terroriste MLKP (Parti communiste marxiste-léniniste), qui a également participé aux manifestations du parc Gezi», à Istanbul, d'où est parti le mouvement national de contestation, a affirmé M.Güler. A Istanbul, 18 membres du Parti socialiste des opprimés (ESP) arrêtés lors de la même opération ont été inculpés et placés en détention vendredi pour «appartenance à une organisation terroriste» et «destruction de biens publics». La police avait arrêté mardi matin à leurs domiciles plusieurs dizaines de membres de l'ESP, une petite formation d'extrême gauche très active dans les manifestations, et perquisitionné les locaux d'un quotidien, Atilim, et d'une agence de presse, Etkin, proches de cette formation politique. Avec les mises sous écrou de samedi, au moins 46 personnes au total ont été placées en détention préventive depuis l'intervention de la police une semaine plus tôt pour évacuer le parc Gezi, le dernier bastion des manifestants qui réclamaient depuis le 31 mai la démission du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Au moins quatre personnes sont mortes et plus de 7.800 autres ont été blessées lors de ces manifestations, les plus violentes contre le gouvernement islamo-conservateur turc depuis son arrivée au pouvoir en 2002.