Double attentat meurtrier à Damas, au lendemain de l'annonce de l'aide militaire occidentale aux rebelles Deux attaques meurtrières ont frappé hier Damas au lendemain d'une réunion du groupe des «Amis» de la Syrie qui a décidé de renforcer son aide à la rébellion pour inverser le rapport de forces sur le terrain. A Mazzé 86, un quartier de l'ouest de la capitale habité par des Alaouites, deux personnes ont été tuées et plusieurs blessées par l'explosion d'une bombe, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh, basé en Grande Bretagne). Plus tôt dans la matinée, une autre attaque, menée selon l'Osdhpar des rebelles, avait fait sept morts, quatre policiers et trois assaillants. De son côté, le ministère de l'Intérieur a évoqué un attentat «suicide terroriste» perpétré par trois assaillants ayant pénétré dans un commissariat de police à Roukneddine, dans le nord de la ville, précisant que «les terroristes appartiennent au Front jihadiste al-Nosra». Le Front al-Nosra, lié à Al Qaîda et placé sur la liste des organisations terroristes étrangères par les Etats-Unis, est le plus important groupe jihadiste en Syrie. En visite à Doha hier, le président français François Hollande a appelé l'opposition à «reprendre» les zones tombées aux mains des groupes extrémistes craignant qu'ils ne puissent devenir «les bénéficiaires d'une situation de chaos». «Ce sera Bachar Al-Assad qui se saisira de ce prétexte pour continuer les massacres», a-t-il ajouté. Samedi, onze pays du groupe des «Amis» de la Syrie, dont les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, se sont réunis au Qatar et ont décidé d'intensifier leur aide à la rébellion pour lui redonner l'avantage sur le terrain avant la tenue d'une conférence de paix à Genève. Les participants ont souligné que «toute aide militaire serait canalisée» par l'état-major de l'Armée syrienne libre (ASL), principale faction de l'opposition armée, afin qu'elle ne tombe pas entre les mains des groupes extrémistes comme le Front Al-Nosra. Ils ont précisé que chaque pays aiderait les insurgés «à sa manière», contournant ainsi l'épineuse question de l'aide militaire directe que plusieurs pays occidentaux refusent de fournir. Jusqu'à présent, le gros de l'aide militaire provient de l'Arabie saoudite et du Qatar. Le chef de la diplomatie du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem Al Thani, a en outre affirmé que les participants avaient pris «des décisions secrètes» pour modifier l'équilibre des forces en Syrie, où les violences ont fait plus de 93.000 depuis mars 2011 selon l'ONU. Hier, M.Hollande a souligné, à l'issue d'un entretien avec l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, que la France et le Qatar avaient «une approche commune» sur le conflit syrien, visant à aider l'opposition à améliorer sa position sur le terrain pour parvenir à une solution négociée. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est également entretenu hier avec l'émir du Qatar des résultats de la réunion à Doha. Samedi, M.Kerry n'avait pas précisé clairement quelle forme prendrait l'aide des Etats-Unis, qui hésitent toujours à apporter un soutien militaire aux rebelles. Il a souligné que son pays n'était pas en faveur d'une «solution militaire» mais qu'il voulait changer «le déséquilibre sur le terrain» où l'armée, appuyée par le Hezbollah libanais, a récemment enregistré des succès. Les «Amis» de la Syrie» ont par ailleurs dénoncé samedi «l'intervention des milices du Hezbollah et des combattants d'Iran et d'Irak, qui aident le régime à réprimer le peuple syrien», estimant que cette intervention étrangère «menace l'unité de la Syrie» et pourrait faire déborder le conflit au-delà de ses frontières.