Onze pays, qui se sont autoproclamés «Amis» de la Syrie, se sont réunis - samedi - au Qatar pour étudier les voies et moyens «d'intensifier» l'aide à la sédition syrienne. Onze pays, pas un de moins, pas un de plus. A moins d'une erreur de notre part, ces onze pays ne représentent qu'une mince «fraction» de la communauté internationale regroupée dans les Nations unies (ONU, 194 pays membres à ce jour). Une minorité donc, certes agissante, menée par trois puissances nucléaires membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne) les monarchies du Golfe à leur tête le Qatar et l'Arabie Saoudite et la Turquie. Des puissances militaires alliées à des puissances financières contre un Etat souverain. Elles sont à la pointe de l'action contre le gouvernement syrien et le président Al Assad. Les cinq autres nations ne sont que des comparses qui font nombre. A Doha, les «Amis» de la Syrie n'étaient là que pour officialiser la livraison d'armes de guerre à la rébellion syrienne. Or, avant même le communiqué final établissant la décision d'une «aide militaire» à l'insurrection en Syrie, Louai Mokdad, porte-parole de l'ASL (Armée syrienne libre, formée de déserteurs et de mercenaires), annonçait déjà (vendredi) que celle-ci avait reçu «récemment» de l'étranger» des quantités d'armes modernes» susceptibles de «changer le cours de la bataille». Nous avons donc là une coalition qui soutient notoirement une insurrection contre un pays indépendant. Dans cette guerre effarante livrée à la Syrie et son peuple, des forces de la réaction ont misé sur une «opposition» disparate et hétéroclite incapable par elle-même de mettre en danger le régime syrien. Or, outre la rébellion, officiellement soutenue par des membres permanents du Conseil de sécurité, il y a ces «jihadistes» représentés par le Front Al-Nosra - groupe qui figure sur la liste noire américaine des fractions terroristes - armé et financé par le Qatar et l'Arabie Saoudite. Le Qatar ne s'en est d'ailleurs jamais caché qui espère l'avènement d'un gouvernement islamiste à sa dévotion à Damas. Gouvernement dont Washington s'accommoderait fort bien, lequel traite déjà avec de tels régimes, qui sont ses principaux alliés au Moyen-Orient. Donc trêve de faux-fuyants, le sort des Syriens - les seules vraies victimes d'une guerre barbare menée contre leur pays - indiffère totalement ces «Amis» de la Syrie dont l'objectif est de faire tomber l'obstacle que constitue à leurs yeux l'actuel régime syrien, lequel n'entre pas dans le plan de domination du Moyen-Orient. Or, après un moment de flottement et surprise par les attaques rebelles, l'armée syrienne commence à reprendre ces dernières semaines du terrain face à la rébellion. Cela a bouleversé les schémas établis par les Occidentaux et les monarchies qui s'attendaient à ce que le régime de Assad tombe comme un fruit mûr. De fait, vendredi, la langue du chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a fourché qui admettait indirectement ce fait, s'exclamant: «(...) Il n'est pas possible d'envisager qu'il y ait tout d'un coup un succès total de Bachar al-Assad. Ce n'est pas du tout dans les prévisions.» Ce n'est pas dans les prévisions! Ce sont bien là les mots utilisés par M.Fabius. Ce qui lève un peu le voile sur la prétendue «révolte» du peuple syrien et sur le «véritable» complot suscité contre le pouvoir syrien. Par la magie des mots tout peut basculer, et l'identité des choses remonter à la surface, donnant du sens à des évènements alors inconcevables. D'autre part, en visite dimanche à Doha, le président français, François Hollande a indiqué, à l'issue d'un entretien avec l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, que la France et le Qatar avaient «une approche commune» sur le conflit syrien, visant à aider l'opposition à «améliorer sa position sur le terrain pour parvenir à une solution négociée». Cela veut dire que M.Hollande, en accord avec l'émir du Qatar estime que la fin justifie les moyens. On ne l'a pas entendu condamner les fatwas, d'Al Qaradhaoui - appelant à l'assassinat du mufti de Damas, Ramadan Al Bouti - ou celles d'Al Arifi autorisant les viols des mineurs par les «jihadistes» qui font régner la terreur en Syrie. Dans l'imbroglio syrien il est devenu chimérique de séparer le bon grain de l'ivraie, et les «Amis» de la Syrie qui ont fait leur choix aident en fait des barbares et savent bien à quoi s'en tenir quant aux tueries qui endeuillent la Syrie et qui en sont les vrais auteurs. Doha, aura au moins servi à montrer au monde après deux années de duplicité, le vrai visage des pays qui attisent la guerre en Syrie.