Enfin, on se réveille! Pas moins de 65 députés, issus de plusieurs partis politiques, ont demandé un débat général sur la corruption dans le secteur de l'énergie et des mines. Les scandales de corruption ont, enfin, fait bouger les députés. Non convaincus par la réponse du ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, faite jeudi 20 juin à l'APN, à une question orale datée du 30 avril 2013, ces députés passent à une autre étape. Ils demandent, dans une correspondance adressée, hier 25 juin, au président de l'Assemblée, un débat général sur ce phénomène qui gangrène la société algérienne. L'initiateur de cette demande est le même député du parti islamiste, Front pour la justice et le développement (FJD), de la circonscription de Constantine, Lakhdar Benkhelaf, auteur de la question orale. Cette dernière est relative aux affaires de corruption qui ont éclaboussé le secteur de l'énergie, la Sonatrach en particulier. La demande est appuyée par la signature de 65 députés représentant plusieurs partis politiques. Dans leur correspondance, les députés estiment que la réponse du ministre de l'Energie et des Mines, n'était pas convaincante. «Il (le ministre) a parlé des généralités sans aborder les mesures prises par le ministère à l'encontre des personnes soupçonnées de corruption afin qu'elles n'influent pas sur le cours des enquêtes et échapper aux sanctions», lit-on dans le document. Les députés font allusion aux personnes impliquées directement dans les contrats douteux passés entre les compagnies énergétiques nationales et des compagnies étrangères qui auraient versé des pots-de-vin aux responsables algériens en contrepartie de marchés. Les personnes visées sont, sans aucun doute, l'ex-ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil et Farid Bedjaoui. Selon des rapports publiés lors de l'éclatement de l'affaire dite Sonatrach II par la presse italienne, canadienne et algérienne, ces deux personnages ont joué des rôles-clés dans l'octroi des marchés de Sonatrach à l'entreprise italienne Saipem et canadienne SNC Lavalin, en contrepartie de commissions versées par les responsables de ces entreprises Dans sa réponse de jeudi dernier, M.Yousfi a indiqué que son département «doit attendre les résultats des enquêtes et les décisions de la justice pour prendre, en toute responsabilité, les décisions nécessaires». Soulignant la nécessité de laisser la justice faire son travail, le ministre a indiqué que son secteur a pris des mesures préventives pour combattre le phénomène, dont le renforcement des outils de contrôle au sein des sociétés, notamment en matière d'octroi des marchés pour préserver les intérêts vitaux du pays. Il a ajouté que le secteur de l'énergie a inscrit toutes les sociétés étrangères impliquées dans des affaires de corruption en Algérie, sur la liste noire du secteur. Une réponse qui n'a nullement convaincu les députés qui demandent un débat général à l'APN. Si la démarche des parlementaires intervient à point nommé pour rappeler que les scandales de Sonatrach ne sont pas encore dépassés, même si rien n'a filtré depuis quelques semaines sur la suite réservée aux dossiers, il reste à se demander quelle sera la réponse du bureau de l'APN à la demande des députés. En 2010, dans presque les mêmes conditions, (c'était l'épisode I du scandale Sonatrach), une demande pareille du RCD avait été rejetée. Cette nouvelle démarche connaître-t-elle le même sort? Autre question: pourquoi des députés n'ont pas signé la demande du débat général sur la corruption? La réponse pourra couler de source. Ont-ils des choses à se reprocher?