Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, brandit la menace contre des firmes internationales impliquées dans des scandales de corruption. «Les sociétés du secteur de l'énergie et des mines ont décidé de ne plus travailler avec les entreprises étrangères impliquées dans des affaires de corruption», a-t-il lancé devant les députés jeudi passé. Plus offensif, le ministre de l'Energie, qui répondait à une question orale d'un député de El Adala, Lakhdar Benkhelaf, a assuré que les sociétés nationales relevant de son secteur «vont défendre leurs intérêts, réclamer d'être indemnisées par les entreprises jugées coupables et poursuivre en justice toute personne impliquée». Il a réaffirmé la nécessité de «faire respecter la loi» dans le partenariat algéro-étranger. Si le ministre s'est gardé de citer les multinationales mises en cause, cette interdiction brandie intervient juste une semaine après la décision de Sonelgaz de porter sur sa liste noire le géant canadien SNC-Lavalin, accusé d'avoir versé des commissions occultes pour obtenir le marché de la construction de la centrale électrique de Hadjret Ennous. D'autres sociétés étrangères seraient aussi dans le viseur du ministre de l'Energie telles l'italienne ENI et sa filiale Saipem, l'américaine General Electric et la française Alstom. Les menaces de M. Yousfi interviennent également au lendemain de la mise sous contrôle judiciaire de l'actuel président-directeur général du groupe public Sonelgaz, Noureddine Boutarfa, de son prédécesseur ainsi que d'autres cadres. Cependant, le ministre ne précise pas si son département sera amené à résilier les contrats en cours liant son secteur avec ces sociétés étrangères si les implications dans les affaires de corruption venaient à être confirmées. Par ailleurs, en matière de lutte contre la corruption qui secoue depuis quelques années le géant pétrolier national, Sonatrach, le ministre a affirmé devant les parlementaires que son département «a pris des mesures préventives pour combattre ce phénomène, dont le renforcement des outils de contrôle au sein des sociétés, notamment en matière d'octroi des marchés pour préserver les intérêts vitaux du pays». S'agissant des affaires «Sonatrach 1» et «Sonatrach 2», Youcef Yousfi n'a pas été aussi vif ; il a juste rappelé la nécessité de «laisser la justice faire son travail car elle seule est habilitée à traiter ces affaires avec la sérénité requise et au rythme qu'elle entend elle même adopter». Son département devrait «attendre les résultats des enquêtes et les décisions de la justice pour prendre, en toute responsabilité, les décisions nécessaires», a souligné le ministre. Il a tenu à rappeler que la dénonciation de la corruption ne devrait pas «déstabiliser le secteur de l'énergie, qui est le pilier de l'économie nationale» car, selon lui, «il n'est pas dans l'intérêt du pays de détruire les entreprises du secteur, qui sont le pilier de l'économie nationale». Depuis l'éclatement du scandale de corruption au sein de Sonatrach durant le règne de l'ex-ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, le secteur est soumis à une pression intenable et son image est sérieusement écornée.