Le Maroc est mis au pilori en l'espace d'à peine trois mois L'Algérie qui a, entre autres, conditionné l'ouverture de sa frontière avec ce pays à la «coopération effective du Maroc pour arrêter les flux de trafics, notamment de drogues» se trouve confortée dans sa position. La résine de cannabis marocain inonde la planète. Le monde a son overdose. L'ONU tire la sonnette d'alarme. Black-listé par les Américains en ce qui concerne le trafic de cannabis et de cocaïne, le Royaume est à nouveau épinglé par l'Office des Nations unies pour la drogue et le crime. Le Maroc demeure le «principal producteur et fournisseur mondial de haschich (résine de cannabis), dont la production est destinée principalement aux marchés européen et africain», indique le Rapport mondial 2013 sur les drogues présenté le 28 juin devant la Commission des stupéfiants de l'ONU à l'occasion de la Journée internationale contre le trafic et l'abus de drogues par Youri Fedotov, directeur de l'Onudc. Le Maroc est mis au pilori en l'espace d'à peine trois mois. Si le coup d'Etat au Mali a mis le Sahel sens dessus dessous et que les révolutions arabes ont mis à terre des dictatures, la drogue marocaine, à elle seule, peut s'avérer comme une arme de destruction massive. Le rapport de l'Office de l'ONU pour la drogue et le crime a, en effet, mis en garde quant à «l'impact des drogues sur les pays (particulièrement) vulnérables...». «Le marché de la drogue est l'un des principaux facteurs qui continue d'alimenter l'instabilité économique et politique autour du monde» ont estimé les rédacteurs du document qui ont souligné que la majeure partie de cette drogue provient du Maroc ainsi que de l'Afghanistan. La surface des champs réservés au cannabis au Maroc reste la plus importante mondialement avec 47.500 ha spécifiques à cette culture illicite (contre 12.000 ha en Afghanistan), précisent pour leur part les chiffres de l'Onudc. Un podium confirmé par le département d'Etat américain. «Le Maroc reste une principale source du cannabis, devancé seulement par l'Afghanistan dans la production du haschich ou résine de cannabis», souligne, de son côté, son rapport sur «la stratégie de contrôle international des narcotiques» publié le 12 mars 2013 qui a été communiqué au Congrès. Le pouvoir marocain est dans l'oeil du cyclone. «La corruption de la police et le laxisme tacite dans l'application des lois contre ce fléau demeurent un problème au Maroc», dénonce le document du département d'Etat. Ce qui conforte la position de l'Algérie qui a, entre autres, conditionné l'ouverture de sa frontière avec ce pays à la coopération effective du Maroc pour arrêter les flux de trafics, notamment de drogues. «Les efforts attendus en matière de coopération et de lutte contre les trafics de drogue n'ont pas été au rendez-vous comme nous l'avions espéré et les quantités de poison déversées sur l'Algérie ont atteint désormais des proportions inquiétantes», a répondu Amar Belani, le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, à travers un communiqué, aux atermoiements des autorités marocaines en ce qui concerne les relations algéro-marocaines (voir L'Expression du 29 juin 2013). Une inquiétude légitime lorsque l'on sait que le fléau s'est enraciné dans les institutions marocaines. Au mois de janvier 2009, 96 personnes dont bon nombre appartiennent aux Forces armées royales marocaines ont été mises en examen suite au démantèlement d'un important réseau de trafic de drogue entre le Maroc, la Belgique et les Pays-Bas via l'Espagne. 26 civils, 29 éléments de la marine royale, 17 gendarmes, 23 éléments des forces auxiliaires et un soldat, figuraient parmi les prévenus. Le Maroc s'est forgé un statut de plaque tournante du trafic mondial de drogue. «La plupart des grandes expéditions de haschich marocain à destination de l'Europe sont transportées par bateaux à moteur et par d'autres petites embarcations...compte tenu de sa situation géographique et de ses infrastructures de transport, le Maroc sert de zone de transbordement pour la cocaïne en provenance d'Amérique latine qui est introduite clandestinement par l'Afrique de l'Ouest pour l'acheminer vers l'Europe», expliquent les enquêteurs du département de John Kerry. Une piste qui ne semble pas prête à être contrariée. Le ministère espagnol de l'Intérieur a annoncé hier une saisie de près de 900 kg de drogue par la police espagnole lors d'une opération menée dans le sud de l'Espagne qui visait un réseau de trafiquants de drogue qui introduisait en Espagne du haschich caché dans des caisses de poissons congelés. 14 personnes ont été arrêtées... Du menu fretin sans doute.