Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a prolongé d'une journée hier ses navettes entre dirigeants israéliens et palestiniens, suscitant espoirs et spéculations sur la relance du processus de paix à l'arrêt depuis trois ans. Hier matin, M.Kerry a fait le trajet, auquel il est désormais habitué au troisième jour de sa mission, entre Jérusalem et Amman, où il s'est entretenu avec le président palestinien Mahmoud Abbas. Il a ensuite pris le chemin inverse hier après-midi pour une nouvelle rencontre avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. «Nous travaillons dur», a répondu M.Kerry interrogé sur les progrès des négociations après deux heures passées au domicile de M.Abbas dans la capitale jordanienne. M.Kerry a annulé un dîner prévu à Abou Dhabi sur la question syrienne pour pouvoir poursuivre ses discussions à Jérusalem samedi soir, un changement de programme qui pourrait être de bon augure pour les négociations. Les conseillers de M.Kerry ont cependant minimisé l'espoir d'une percée imminente dans le processus de paix, espérant plutôt avancer par étapes vers la mise en place de négociations concrètes entre Israéliens et Palestiniens. Le chef de la diplomatie américaine s'est excusé par téléphone auprès de son homologue émirati, espérant remettre à plus tard sa visite destinée à coordonner l'aide aux rebelles syriens, a indiqué Marie Harf, la porte-parole de département d'Etat américain. Mme Harf a précisé que le secrétaire d'Etat maintenait sa visite au Bruneï pour une rencontre avec des ministres asiatiques qui débute demain. Ce changement d'agenda est un des rares éléments communiqués publiquement sur ces négociations à huis clos que les responsables américains veulent garder discrètes pour préserver le processus diplomatique. John Kerry, qui a passé au total sept heures à s'entretenir avec M.Netanyahu depuis jeudi, doit s'exprimer avant de quitter la région. «Des sources diplomatiques (israéliennes) m'ont parlé de la possibilité d'un sommet à quatre à Amman la semaine prochaine», a indiqué à la radio l'analyste diplomatique Chico Menashe. «Avec l'annulation de la conférence de presse prévue aujourd'hui (hier à Amman), il semble qu'il n'y ait toujours rien à annoncer», a-t-il ajouté. Palestiniens et Israéliens ne se sont pas rencontrés officiellement pour négocier depuis septembre 2010, et à l'époque, ces pourparlers avaient très rapidement tourné court. L'autorité palestinienne exige pour reprendre les négociations un gel total de la colonisation et une référence aux lignes d'avant l'occupation israélienne des Territoires palestiniens en juin 1967 comme base de discussions. M.Netanyahu rejette de telles «conditions préalables» mais assure qu'il se tient prêt à discuter. Après son second rendez-vous avec M.Netanyahu vendredi, M.Kerry a dîné avec le président israélien, Shimon Peres qui lui a assuré qu'il existait «parmi la population une majorité claire pour le processus de paix et une solution à deux Etats». Malgré l'enthousiasme de Peres, un récent sondage a montré le scepticisme des Israéliens concernant le processus de paix. M.Netanyahu, qui n'a jamais été une colombe, est depuis janvier à la tête d'une coalition plus réticente encore que la précédente au sujet des négociations.