Le torchon brûle entre les deux hommes Me Ali Yahia Abdennour accuse le président de la Laddh d'autoritarisme et d'avoir foulé aux pieds les idéaux et les valeurs des droits de l'homme. L'immobilisme qui a affecté la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) fait réagir son président d'honneur, Ali Yahia Abdenour. Dans une lettre ouverte adressée à l'actuel président de l'organisation, Noureddine Benissad, Me Ali Yahia Abdennour accuse ce dernier d'autoritarisme et d'avoir foulé aux pieds les idéaux et les valeurs des droits de l'homme. «Le président de la Ligue ne fait pas preuve de maturité et de responsabilité en restant sourd aux appels qui lui demandent de procéder aux réunions régulières du comité directeur et du conseil national et à l'application intégrale de leurs décisions, souvent confisquées», écrit Ali Yahia Abdenour. «Il (Me Benissad, Ndlr) n'a, à l'esprit, qu'une seule urgence, qu'une seule obsession, maintenir le pouvoir dont il dispose sans partage, rester à la tête de la Ligue et affaiblir ceux et celles qui le contestent, et faire taire les membres du comité directeur qui posent des problèmes», poursuit le président d'honneur de la Laddh. Pour Ali Yahia Abdenour, le comité directeur désigné par Me Benissad n'est que «décoratif». Ces graves accusations n'ont pas suscité, jusqu'à preuve du contraire, la réactions de Me Benissad. Ce dernier, dont nos tentatives de le joindre, hier, étaient vaines, a commencé à être contesté depuis quelques mois par les cadres de la Laddh qui, en coulisse, chuchotent,mais sans le dénoncer publiquement pour le moment. Voilà donc une lettre qui risque de rouvrir la crise que la Ligue traverse depuis 2005, lorsqu'elle a été divisée en deux ailes. La lettre de l'un des fondateurs de la Laddh, en 1985, Ali Yahia Abdenour, poussera-t-elle ces cadres à sortir des coulisses pour se faire entendre en public? Le président actuel de la Ligue est accusé d'avoir immobilisé l'organisation connue pour son activisme. «Il faut la remettre en mouvement», plaide Ali Yahia Abdenour dans sa lettre où il n'a pas ménagé l'ex-président de la Laddh, Mostefa Bouchachi, député FFS. C'est d'ailleurs sous le «règne» de Me Bouchachi que les problèmes d'Ali Yahia Abdenour avec la Laddh ont commencé. En 2011, la Laddh était l'une des organisations qui ont lancé la Coordination nationale pour le changement démocratique (Cncd) dont l'objectif était le changement pacifique du système politique. Quelques mois après, la Laddh, sous la conduite de Me Bouchachi s'est retirée de la Cncd, mais son président d'honneur avait tenu à son principe et aux objectifs de la Cncd. Mostefa Bouchachi a démissionné par la suite de la Laddh pour se présenter aux élections législatives du 10 mai 2012 sous la bannière du FFS, ce qui avait mis hors de lui Ali Yahia Abdenour. Dans sa lettre, Me Ali Yahia estime que la dérive autoritaire au sein de la Ligue a commencé par le changement des statuts décidé lors du 3e congrès en 2010, avec l'arrivée de Mostefa Bouchachi qui a «concentré tout le pouvoir». «Le comité directeur, qui est l'exécutif de la Ligue, n'est plus élu par le conseil national, mais désigné par le président», souligne Ali Yahia Abdenour, estimant que cette concentration de pouvoir supprime le «contre-pouvoir» que représentait le comité directeur. «Bouchachi, qui avait la haute main sur l'argent de la Ligue, avec le secrétaire général et le responsable des finances, ne se sont pas soumis à un contrôle financier par le comité directeur et le conseil national», poursuit Me Ali Yahia, tout en déplorant le refus de présentation d'un bilan financier. Ce refus aurait poussé Kamel Dine Fekhar, membre du comité directeur, à afficher son intention de déposer plainte auprès de la justice pour «détournement de fonds de la Ligue par des personnes à leur profit».