img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P130702-18.jpg" alt=""Si la loi passe, nous paralyserons tout le système judiciaire"" / «Etant donné les circonstances sensibles que traverse le pays, nous avons annulé la marche pour éviter la manipulation.» Le nouveau statut d'avocat est miné par un désaccord entre le gouvernement, les robes noires et la commission juridique et des libertés de l'APN. La nouvelle loi portant organisation de notre profession «nous réduit à moins que rien», dixit Maître Abdelhamid Sellini. En fin de compte, les avocats ont annulé leur marche pour ne maintenir que le sit-in observé hier dans l'enceinte du siège de la cour d'Alger. «Nous ne voulons pas associer les politiques à notre action de nature purement professionnelle», a fait savoir Maître Bentoumi également fils du premier ministre de la Justice de l'Algérie indépendante, Me Ammar Bentoumi. «Vu les circonstances sensibles que traverse le pays actuellement, nous avons opté de surseoir à l'organisation de la marche pour éviter la manipulation et le dévoiement de notre action vers d'autres objectifs qui ne concernent pas le combat de notre corporation», a déclaré M.Sellini. Toutefois, certains membres du barreau d'Alger insinuent qu' «on a reçu des garanties quant au gel du texte de loi soumis actuellement à l' APN ou à défaut il sera bloqué au niveau du Conseil de la nation». En tout état de cause, des dizaines d'avocats de la capitale ont répondu, hier, à l appel du Conseil national de l'ordre. Les robes noires exigent soit «l'abrogation de ladite loi soit son retrait ou bien son gel». Le doyen des bâtonniers des Unions locales, Lanouar Mustapha, qui présidait aux destinées du Bâtonnat national depuis 2010 en sa qualité de plus âgé d'entre les bâtonniers n'a pas participé à la réunion du Conseil national de l'ordre tenu le vendredi dernier à Alger. Ce dernier a même «validé» le projet de loi à contre-courant de ses collègues. Mais «l'absence du bâtonnât national, celle-ci n'est qu'une instance de «réflexion» et son président, un coordinateur, n'influe en rien sur la position et le poids du mouvement de la contestation», indiquent les protestataires. Cela est d'autant plus vrai que «le quorum(la moitié des membres) a été de loin dépassé lors de cette réunion avec la présence de dix barreaux sur quinze existants, soit les deux tiers. Le mandat de trois ans de bâtonnier national expire à la fin de l'année en cours. interrogé M. Sellini qui a raté son retour à la tête de l'Union des bâtonnats d'Algérie en 2010, réfute qu'il y ait un quelconque lien avec l'élection prochaine. Se disant inquiets quant aux restrictions à l'exercice du métier, les avocats ne comptent pas baisser les bras. Un autre sit-in sera tenu demain au même endroit et dans le cas où le texte sera adopté aujourd'hui les avocats menacent de boycotter les audiences. «Si ce projet de loi de la honte passe tel quel, nous paralyserons toute instance du système judiciaire», a annoncé M.Sellini. Pour rappel, le différend opposant les avocats à la tutelle est jugé très profond. «Nous avons été trahis par toutes les institutions, y compris le ministère de la Justice et le Premier ministère», a lâché samedi dernier maître Chaoui Abdelhafid. Le principe de l'indépendance de l'avocat est «assassiné par cette loi», a-t-il déploré. Avant d'asséner encore que «l'avocat qui a peur du procureur général n'est plus un avocat». Et de poursuivre que «si auparavant, on a accepté la trêve pour l'apaisement ou l'achat de la paix sociale, la cellule anti-avocat et les autorités ne doivent plus compter sur nous, car nous serons désormais au rendez-vous durant la prochaine rentrée sociale»,a-t-il affirmé. Si la Charte universelle énonce que l'avocat a le droit d'exercer son métier sans restriction dans une totale indépendance et immunité professionnelle, il a le devoir de tout mettre en oeuvre pour que son mandant bénéficie de la protection de ses droits et ait un procès équitable, l'actuel statut ne reflète aucunement ces normes universelles et principes généraux, pourtant ratifiés par l'Algérie, souligne-t-il encore. En résumé, dans la philosophie du texte qui se trouve à la chambre basse du Parlement, on a rayé les deux principes fondamentaux sans lesquels il n'y aura plus de défense, à savoir l'indépendance et l'immunité de l'avocat, il a réduit la place et la position de l'avocat en lui suspendant l'épée de Damoclès de la sanction pénale et sous la tutelle du ministère de la Justice, dira Maître Sellini.