Par Hasna Yacoub Dans une conférence de presse animée hier au siège du bâtonnat, le président du barreau d'Alger, Me Abdelmadjid Sellini, a annoncé le rejet absolu de l'actuel avant-projet de loi portant statut d'avocat par une dizaine de barreaux sur les quinze qui constituent l'Union nationale des barreaux d'Algérie. En effet, dix bâtonniers se sont réunis, jeudi dernier, pour exprimer leur désaccord et leur «profonde déception» vis-à-vis de la «régression criarde» du contenu de la mouture qui a fait, rappelons-le, l'objet d'une étude par la commission juridique et a été proposée à débat au niveau de l'APN. Me Sellini considère «cette régression» comme une trahison. Il refusera, cependant, de nommer les auteurs de cette trahison. Questionné sur la position du président de l'Union nationale, Me Mustapha Lanouar, qui est en porte-à-faux avec celle de la majorité des avocats, puisque ce dernier a fait montre de sa satisfaction du contenu du nouveau projet de loi, Me Sellini se refusera toujours de commenter la position du président de l'Union et se suffira de rappeler que le Conseil national est une structure collégiale. «Le président de l'Union ne représente qu'une seule voix. Il y a dix voix qui sont contre l'avant-projet, ce qui représente les 2/3 du Conseil.» Pour rappel, Me Lanouar a déclaré, cité par l'APS, que les amendements introduits dans l'avant-projet «ont respecté à 95% ce qui a été convenu entre les avocats et le ministère de tutelle, représenté par le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, lors des séances de dialogue et de concertation». Pourtant, Me Sellini, et au nom de neuf autres bâtonniers, a affirmé que la mouture présentée à l'APN est «complètement différente» de celle négociée dans la commission mixte avec le ministère de la Justice et qu'une quarantaine d'articles de loi contenus dans l'avant-projet visent inéluctablement à «museler l'avocat, réduire les droits de la défense et ceux du justiciable». Excédé et offusqué par un projet qui vise «l'assassinat de la profession d'avocat», Me Chaoui prendra la parole pour dire tout haut, ce que pensaient tout bas une majorité d'avocats «nous avons été trahis par le ministère de la Justice et le Premier ministère. Il ne nous reste comme unique recours que le premier magistrat du pays. Nous sommes décidés à nous défendre. Nous allons proposer à ce que le bâtonnat d'Alger ait un statut particulier et nous allons prendre nos responsabilités. Le président de l'Union s'est déclaré d'accord avec un projet qu'il ne connaît même pas». Et d'ajouter : «L'avant-projet va passer au vote le 2 juillet. Le choix de cette date, juste avant le Ramadhan et les vacances, n'est pas fortuit». «Le projet peut passer, on se verra à la rentrée sociale et on réagira.» Les paroles de Me Chaoui ont libéré certains avocats qui n'ont pas manqué de l'applaudir et de confirmer leur sentiment d'avoir été trahis par le président de l'Union. Après avoir rappelé toutes les étapes par lesquelles est passé l'avant- projet de loi ainsi que les normes et les chartes universelles qui évoquent la profession d'avocat et le respect des droits de l'Homme, Me Sellini a annoncé que les avocats des dix barreaux réunis, jeudi dernier, à savoir ceux de Blida, d'Alger, Médéa, Sétif, Tizi Ouzou, Tlemcen, Mascara, Sidi Bel Abbés, Boumerdès et Béjaïa, vont observer dans la matinée de demain, des sit-in devant leurs barreaux. D'autres actions vont suivre, a dit Me Sellini, «une fois adoptées par l'assemblée générale». H. Y.