Les «mille et une astuces» d'une mère de famille. La hausse effrénée des prix des victuailles à l'approche de chaque Ramadhan, et bien sûr même pendant, a conduit les jeunes ménagères travailleuses, et autres moins jeunes, usées par la mal-vie conséquente à leur faible revenu, à utiliser mille et un subterfuges, comme jadis leurs aînées, pour contrer ce phénomène et partant, gagner du temps et économiser quelques dinars sur leurs maigres ressources. Le triptyque de ce savoir-faire se résume aujourd'hui essentiellement comme suit: «congélateur, stocks et salaisons». Toutefois, les astuces ne manquent pas pour celles qui savent y faire. En effet, d'aucunes d'entre-elles connaissent par exemple comment préparer un coulis de tomates fraîches lorsque leur prix est abordable. Elles savent aussi comment le conserver, jadis, dans des bocaux en verre, aujourd'hui au congélateur. En utilisant comme contenant de petits sachets en matière plastique ou simplement des sachets de congélation pour cette préparation pour chaque «chorba» ou «h'rira», lesquelles se préparent souvent de nos jours pour deux jours consécutifs pendant le Ramadhan. Ces dames n'ont plus alors qu'à puiser quotidiennement dans leur «stock» soigneusement rangé dans le congélateur pour confectionner ces deux mets incontournables durant le Ramadhan. Certaines confectionnent également de petits sachets pour conserver des petits pois, achetés en saison, ou même des pois-chiche préalablement trempés et cuits prêts à être ajoutés aux nombreux plats. Quelques ménagères congèlent même des fonds d'artichauts frottés au citron, si nécessaires, pour une bonne «dolma» qui se respecte. Le citron n'est pas en reste. Ainsi, pour être conservé, il est pressé puis versé dans les bacs à glaçons pour être congelé. Encore une ficelle qui permet au lambda d'avoir du citron, en cubes, pour l'additionner à ses plats préférés durant le Ramadhan. Parfois, ils sont même utilisés pour aciduler un verre d'eau fraîche en fin de repas pour ses vertus digestives. On peut également citer la congélation de poivrons doux et de piments qui font le régal des palais audacieux. Même topo pour la viande destinée encore à ces fameuses «chorba» ou «h'rira», c'est-à-dire du «douch» ou de la viande de poitrine d'ovins. Certaines cuisinières se contentent même de «déchets» de viande coupée pour d'autres plats pour agrémenter ces soupes du terroir. Des restes de poulets découpés sont également conservés pour garnir une soupe traditionnelle sans avoir recours à l'onéreuse viande...Rien ne se perd, tout se transforme. Un adage qui tient le coup lors de cette période! La viande a droit aussi à sa cure de congélation. Ne faisant pas confiance aux méthodes de conservation des marchands de viande congelée, certains foyers congèlent eux-mêmes leur viande, qu'elle soit blanche ou rouge. Les prix de la viande flambent durant le mois de Ramadhan, et ceux qui commercent de la viande congelée ne respectent pas la chaîne du froid, ce qui contraint les gens prudents à congeler eux-mêmes leur viande achetée quelque temps avant le mois sacré. D'autres ménages, par contre, optent pour des méthodes de conservation des viandes plus ancestrales comme la salaison. Le congélateur est donc devenu l'ami fidèle des ménages durant le mois de Ramadhan. Aussi, peut-on dire, du moins sommes-nous tentés de le croire, que le spectre de la hausse des prix ne semble plus effrayer outre-mesure les ménages! Sachant que la flambée des prix est inévitable durant cette période de consommation à outrance, les Algériens ont trouvé la parade. En parallèle, il est aisé de dire ici que les vendeurs de l'électroménager de «Dubaï-Hamiz» à l'est d'Alger sont ravis. Chaque année, la vente de congélateurs augmente à l'approche de Ramadhan, et les vendeurs mettent le paquet sur ce produit. Les gens préfèrent investir dans un freezer qui va durer que de gaspiller cet argent en payant la nourriture, le double, voire le triple de son prix, estime-t-on généralement.