La bataille pour le contrôle de cette commission pourrait échapper aux opposants à Bouteflika. La commission nationale de surveillance pour l'élection présidentielle présidée par Saïd Bouchaïr entamera ses travaux 24 heures après la promulgation des résultats du Conseil constitutionnel attendus ce mardi. La présence au sein de cette structure de partis politiques n'ayant pas engagé un candidat direct à cette élection pourrait poser un grave problème d'éthique dans la mesure où les «décisions finales» qui seront arrêtées durant les travaux seront automatiquement en faveur du candidat Bouteflika. En effet, plus d'une dizaine de formations qui ont publiquement assuré de leur soutien le président-candidat (RND, MSP, PRA, PNSD, UDR, RA, MNJA, MJD etc..) vont siéger dans cette structure ce qui ne va pas arranger les affaires des candidats qui croiseront le fer avec le président-sortant. Des outsiders comme Ali Benflis, Djaballah, Saïd Sadi, Ghozali, et Taleb Ibrahimi, risquent de se retrouver en minorité devant le déferlement de ces petits partis sans ancrage populaire. Ils auront ainsi toutes les raisons du monde pour s'inquiéter de la «neutralité» et «l'indépendance» de cette commission et lors du vote qui aura lieu pour désigner les deux postes de vice-président ainsi que ceux des quatre commissions internes. La bataille pour le contrôle de cette commission pourrait échapper aux opposants à Bouteflika. Ce dernier a bien manoeuvré en «noyautant» cette commission par de pseudo-partis et de plus il est quasi certain d'avoir la mainmise totale sur le déroulement et les orientations des travaux. Les éternelles assurances données par les pouvoirs publics risquent encore une fois d'être battues en brèche. Les prérogatives de cette structure de surveillance seront définies dès son installation officielle qui aura lieu à la fin de semaine. Elle aura pour tâches avant et lors de la campagne électorale de définir les horaires de passage dans les médias publics (télé, radio et presse écrite) ; de veiller scrupuleusement à signaler les dépassements constatés et de fournir aux candidats les moyens logistiques (voitures, salles de meeting etc.). La commission politique de surveillance pour l'élection présidentielle dont la présidence est revenue à l'ex-président du Conseil constitutionnel, Saïd Bouchaïr, nommé récemment par Bouteflika par décret présidentiel, est à pied d'oeuvre depuis une semaine. Deux membres désignés, un jeune et un vieux moudjahid ont rejoint la commission et travaillent actuellement aux côtés de Bouchaïr. Ils sont actuellement installés au niveau de l'annexe de la chefferie du gouvernement où ils ont pris possession de leurs bureaux. Cette commission sera élargie très prochainement aux représentants des candidats à l'élection présidentielle retenus par le Conseil constitutionnel. Vingt-trois partis politiques sur les 35 agréés siégeront dans cette structure de surveillance. La commission nationale se composera dès son installation de 2 vice-présidents, d'un rapporteur et de 4 commissions: la commission juridique, la commission électorale, la commission de contrôle et enfin celle relative aux moyens logistiques. Tous les présidents de ces commissions ainsi que les deux postes de vice-présidents seront désignés par les représentants des 23 partis politiques et les représentants des candidats sans casquette politique (Benflis, Ghozali et Taleb Ibrahimi). La durée de vie de cette commission nationale s'étalera jusqu'au résultat final de l'élection présidentielle et au-delà du deuxième tour s'il y a nécessité. Le gouvernement ne mettra à la disposition de cette commission que le personnel de servitude (chauffeurs, appariteurs et vaguemestres).