Amoureux passionné de son pays, l'auteur de Caravane to Bagdad, Hamid Baroudi était dernièrement en Algérie pour tourner le clip de Kouli li ya yema, limen nahki had el hema. Une chanson qu'il dédie à l'Algérie à l'occasion du 1er Novembre. Nous l'avons rencontré et eu la chance et le rare privilège d'assister au tournage des dernières prises de son clip. Un clip fait en hommage à l'Algérie martyre qui se bat et continue à se battre pour la paix et la liberté. «Cela va être le plus beau clip de ma vie», affirme l'artiste avec conviction et enthousiasme. C'est qu'il y croit fermement. «Je voulais faire un cadeau à l'Algérie», révèle-t-il. Cela nous rappelle, de surcroît, un autre artiste émérite-musicien et compositeur, Safy Boutella, en l'occurrence, qui offrit, l'été dernier, au stade du 5-Juillet, son superbe spectacle La Source en hommage à la jeunesse algérienne. «Qui sont ces jeunes? Ce ne sont pas les jeunes des villes, mais ceux qui n'ont pas les moyens de faire des études, fonder un foyer, qui n'ont pas la chance d'aller à l'école, qui n'ont pas de perspective dans la vie». Expert en matière de son et d'image, Hamid Baroudi a étudié le cinéma dans une prestigieuse école allemande où il s'est spécialisé en communication audiovisuelle. «L'arme» de Baroudi est sa musique et la magie qu'elle véhicule. Une musique gorgée d'espoir et d'humanisme. «Même s'il ne dure que cinq minutes, j'aurais offert au moins quelques moments d'évasion et de bonheur», dit-il et pour que nul n'oublie les maux que notre pays a traversés, Hamid a entrepris, à travers son clip, de retracer l'histoire de l'Algérie de 1954 jusqu'à nos jours. Vivant en Allemagne depuis des années maintenant, cela ne l'empêche pas d'être au fait de l'actualité de son pays et dont il s'inspire beaucoup pour écrire une chanson. Il est, de ce fait, à l'écoute de tout ce qui touche de près ou de loin à son pays via la presse notamment qu'il s'empresse de consulter quotidiennement sur le net... «Je vis en Allemagne et je m'occupe de mon art, mais je me pose toujours cette question: quel est mon apport pour cette société? J'ai peur d'une chose, c'est qu'un jour, quand je serai vieux, un enfant vienne me poser la question: peux-tu me raconter l'Algérie d'autrefois? Ce serait très grave si je n'avais rien à dire!». C'est pourquoi Hamid a écrit, composé et réalisé lui-même cette chanson veillant à ce qu'il n'y ait aucune intervention de «l'extérieur», idem pour le montage du clip. Ce dernier a été diffusé hier pour la première fois à la télévision algérienne à la veille du 1er Novembre, date du déclenchement de la Lutte nationale, et qui signifie beaucoup pour Hamid Baroudi, cet enfant de Tiaret qui se revendique algérien avant tout. Pour le besoin du tournage, Hamid est allé dans les cinq régions représentant la diversité de l'Algérie. Il est allé à la rencontre de ces petites gens qui sont l'Algérie profonde, «la vraie Algérie». Cinq régions comme les cinq doigts de la main de Fatma, comme le nom de sa grand-mère qu'il chérissait tant. «Une vrai dérouicha (voyante) de Tiaret», dit-il. Les refrains de cette chanson sont également interprétés en cinq langues... L'Algérie, Hamid la porte dans son coeur «les gens changent, mais le pays reste. N'étant pas un politicien que puis-je lui offrir?» C'est ainsi que l'aventure commence pour lui. Celle-ci amènera notre artiste à la découverte de nos belles régions. De Djanet à Arris où il a tourné dans les montagnes «avec les gens les plus démunis qu'on puisse voir, à Ghardaïa où j'ai filmé à El Attef, région de l'Islam, symbole de piété». Il acheva son périple ou presque à La Casbah, un vendredi matin où il ira se mêler à ces modestes gens en «pantalon déchiré et béret...» pour s'envoler ensuite à Larbaâ Nath-Irathen... L'histoire du scénario que «j'ai écrit dans ma tête, jamais sur papier» est celle d'une petite fille symbole de l'Algérie qui traverse le temps, faisant un bond en arrière et des « arrêts sur image » sur ce qui nous a le plus marqués ces dernières années... «L'histoire commence en 2001. Une petite fille seule dans sa chambre, se réveille, se coiffe et ouvre la fenêtre, c'est Alger qui dort, des oiseaux passent. Elle sort, la porte se referme derrière elle sur un coup de vent et subitement le film devient noir et blanc. La fille se trouve dans le passé: Alger 54. Le blanc de ses vêtements devient sale, sa robe est en lambeaux et elle est restée la même. La caméra fait un demi-cercle et elle se trouve devant une grande porte devant le cimetière d'El Alia...». «Ce clip est le plus émouvant que j'ai eu à faire de ma vie», nous confie Hamid. Un marking off du tournage sera présenté à la télé durant le Ramadhan. «La fille qui y a joué a huit ans. Elle s'appelle Lilia», précise Hamid, tout fier et fasciné par les talents cachés de sa jeune protégée. «La fille, je la pointe devant la caméra, face à une centaine d'enfants qui la regardent. Elle est complexée. J'essaye de la mettre à l'aise, dans le bain, au bout d'une demi-heure, d'une heure, et, d'un seul coup, j'assiste à l'éclosion d'un talent extraordinaire digne d'Hollywood!» Pour l'anecdote, Lilia, à la sortie de son école (primaire), a été choisie parmi plusieurs visages. Quand Hamid l'aperçoit, il a su que c'était elle qu'il fallait. Elle a le visage qui parle! dit-il. Outre la promotion de ce clip, c'est demain 2 novembre que sortira son nouvel album intitulé: Sidi. Le choix de cette date n'est également pas fortuit: «C'est par respect au 1er Novembre et pour attirer l'attention des étrangers sur cette date phare de notre histoire». Cet album, dans lequel il chante en cinq langues (anglais, espagnol, arabe, walof, (africain et français), ce sont deux ans et demi de recherche. Du côté musical, tout ce qui se rapporte aux instruments à cordes a été enregistré en Egypte. «Maintenant, je suis entré dans un milieu sacré pour les Egyptiens». Hamid Baroudi a, en fait, produit l'année dernière l'avant-dernier album du comédien-chanteur Mohamed Mounir, qui a cartonné. «On m'a proposé donc de lui produire un second album. Ce dernier est sorti récemment et est classé déjà n°1 depuis trois semaines». Depuis, Hamid reçoit pas mal de propositions de différents chanteurs du Moyen-Orient (Syrie, Liban). Sa maison de production Hoggar-Musique a produit en outre 13 jeunes artistes algériens tous styles musicaux confondus (HDF d'Alger, les Maghrébins de Kabylie...). L'an prochain, il compte produire une émission mensuelle dans le genre de «Bled Music». Soucieux du devenir de son pays et notamment de l'avenir de ses artistes, qu'il défend bec et ongles comme dernièrement où il a mené une campagne médiatique à la suite du refus de l'ambassade du Canada à Berlin de lui octroyer un visa. Suite à cela Hamid a demandé à des artistes étrangers de signer des pétitions pour protester contre cette injustice. «Afin que les journalistes et les artistes du tiers-monde n'aient pas besoin de visa pour circuler à travers le monde». et d'indiquer: «Des artistes tels Sting ou Paul McCartney ne peuvent pas s'imaginer que de pareilles choses puissent leur arriver. C'est inimaginable!» Après avoir fait prévaloir son droit, Hamid a reçu une lettre d'excuse de la part du gouvernement canadien, à qui il répondit comme suit: «J'ai fait ce geste pour que la prochaine fois quand un Algérien se présente pour demander un visa, vous penserez deux fois avant de le lui refuser». Conscient que c'est l'union qui fait la force, Hamid exhorte ses artistes algériens à s'unir pour créer un lobby puissant afin de faire bouger les choses à l'étranger. «Si l'Amérique est forte, ce n'est pas grâce à son pétrole, à ses soldats, sa technologie, c'est grâce à des gens qui viennent d'Hollywood, des repères comme Michael Jordan, Michael Jackson, un homme comme Bono (U2) qui a poussé les politiciens européens à effacer la dette des pays sous-développés. C'est pourquoi je lance ce message: Réveillez-vous, artistes algériens!».