Un parti au creux de la vague Sans secretaire général, bureau politique divisé, comité central déchiré et le groupe parlementaire scindé: le FLN perd la boussole et navigue à vue. La crise du FLN qui avait opposé les contestataires aux partisans de l'ex-secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, destitué le 31 janvier 2013, se transforme en crise ouverte entre partisans et opposants du coordinateur du bureau politique, Abderrahmane Belayat. Ce dernier devient la cible, depuis quelques jours, d'un nombre de députés conduits par l'ex-président du groupe parlementaire, Tahar Khaoua, évincé de son poste. Joint hier au téléphone, M.Khaoua nie à M.Belayat toute prérogative de nommer ou de dégommer le chef du groupe parlementaire du FLN et refuse de quitter son poste. «Je suis toujours le président du groupe parlementaire et le seul responsable qui peut me remplacer est le secrétaire général du parti dont le poste est vacant», a-t-il affirmé. Ce nouveau tournant dans la crise du FLN a été entamé avec la désignation, par M.Belayat, des représentants du parti au sein des instances de l'APN et du nouveau chef de groupe parlementaire, Lebid M'hamed Tous les pro-Belkhadem, dont Tahar Khaoua, Mohamed Djemiai et Bahaeddine Tliba, ont été écartés. Ce qui a poussé les partisans de l'ex-secrétaire général à la rébellion. M.Khaoua a précisé que «contrairement à ce qui se dit à propos de l'installation du nouveau chef du groupe parlementaire, rien ne fut». Il en veut pour preuve le dernier communiqué de l'APN dans lequel il est rappelé que le règlement intérieur de l'APN «ne confère pas au président de l'Assemblée la prérogative de designer les présidents des groupes parlementaires». Or, le coordinateur du bureau politique affirme tout à fait le contraire. Selon M.Belayat le nouveau président du groupe parlementaire a pris ses fonctions avec toutes les attributions après la fin de celles de M.Khaoua. Abderrahmane Belayat ajoute que l'administration de l'APN ne reconnaît que les décisions prises par les dirigeants du parti. «J'ai mis fin aux fonctions de M.Khaoua parce qu'il s'est attribué les prérogatives du dirigeant du parti en voulant désigner des députés aux instances de l'APN», a indiqué M.Belayat, précisant que le mandat de l'ex-président du groupe est terminé. Pour sa part, le nouveau président du groupe parlementaire, Lebid M'hamed, a affirmé qu'il a commencé son travail le plus normalement du monde. Il a présidé, hier, au bureau du président du groupe parlementaire, une réunion avec les députés consacrée à la préparation du programme d'action pour le mois de Ramadhan et le mois d'août prochain, a-t-il informé. Mais pourquoi Tahar Khaoua a-t-il attendu jusqu'à la prise de connaissance de la liste proposée par Belayat pour réagir? «Avant de procéder à la désignation des membres des commissions de l'APN, tout le monde savait que la corruption déterminera les résultats des élections. La majorité des députés a demandé à Belayat d'annuler la procédure de vote et opter pour le mode de désignation», rappelle un député, désigné comme membre d'une commission. Il ajoute que ce sont ceux qui n'ont pas trouvé leurs noms dans la liste proposée qui se sont «révoltés et veulent impliquer le président de l'APN dans l'affaire». Pour notre interlocuteur, c'est l'intérêt personnel qui motive l'action des députés opposants à M.Belayat. Mais Tahar Khaoua ne l'entend pas de cette oreille. Selon lui, le fait de l'écarter est «une vengeance et un règlement de compte, car j'ai soutenu Bouteflika en 2004». «Belayat est en train de se venger contre tous ceux qui étaient avec Bouteflika», a-t-il dit, rappelant «Belayat est venu en 2004 dans ma commune natale à Aïn Djasser, à Batna, me blâmer pour avoir été pro-Bouteflika», avant qu'un incident signalé par la Gendarmerie nationale n'éclate. Notre interlocuteur ajoute que M. Belayat n'est pas habilité à désigner le président du groupe parlementaire et que le poste de coordinateur n'existe pas dans les textes du parti. Le député de Batna annonce, en outre, une plainte contre «tous ceux qui ont abusé de l'argent du parti».