Le groupe phocéen a enflammé la scène algéroise Les poètes urbains de la planète Mars ont fait toucher le ciel à leurs nombreux fans, mardi soir qui fut une nuit particulièrement mouvementée... «C'est bouillant, c'est émouvant en même temps. Comme je le disais, depuis le temps que nous, on veut venir et que vous, vous attendez qu'on arrive alors qu'on est en face, donc là pour nous c'est une grande satisfaction. J'avais de l'appréhension de savoir comment on allait être accueilli ici par le public, même si on avait de bons échos de la part de beaucoup d'amis à nous, des amis qui viennent ici régulièrement. Mais bon, quand tu viens par toi-même c'est encore autre chose. C'est là où on se rend compte qu'il y a une bonne connexion... C'est une chose à laquelle on n'est pas très habitué. Nous, on a l'habitude d'être très proches de la scène. ça s'est quand même bien passé et les gens avaient le sourire, c'est l'essentiel. C'est toujours après le concert qu'on le voit. Si les gens ont le sourire après le concert, eh bien, c'est bon!», nous a déclaré le vaillant Shurik'n, à chaud, juste après le phénoménal concert du groupe IAM qu'il a donné mardi soir au théâtre de verdure Laâdi Flici dans une ambiance de délire et d'excitation extrême. Car IAM a bercé notre adolescence et leurs morceaux résonnent encore dans notre tête. Le concert qui a débuté bien tard, vers minuit, a tenu toutes ses promesses en nous faisant voyager dans le temps via la planète Marseille avec ses francs samouraïs de la parole et la plume amère. Après avoir chauffé le public et les platines, place au rappeur AB qui succédera au dj avant l'arrivée de OGB un rappeur français d'origine algérienne, membre de la Mafia K'1 Fry. C'est à lui en collaboration avec l'agence événementielle Broshing Events qu'on doit la venue du groupe IAM en Algérie. Une arrivée fracassante pour présenter leur nouvel album Arts martiens mais aussi égrener avec nous les feuilles de leur album de vie tout en musique et morceaux endiablés. Et c'est avec Debout les braves, extrait de leur dernier opus donc que le groupe au top de sa forme ouvrira le bal sous les applaudissements d'un public qui piaffait d'impatience de les voir sur scène. «Cela fait 25 ans qu'on fait de la musique. Ce soir on est enfin là et on va pas se priver!» a déclaré tout de go Akhenaton. S'ensuivra une avalanche de titres entre les anciens et les nouveaux devant un public debout les mains en l'air et les paroles connus quasiment par coeur. Né sous la même étoile, Notre dame veille, côté obscur, demain c'est loin, Les raisons de la colère, Mon encre si amère, Spartiate Spirit, Petit frère, Un bon son brut pour les truands, l'école du micro d'argent et bien sûr Je danse le Mia revisité en version funky, autant de titres qui feront chavirer les corps et les esprits en faisant trembler le théâtre de verdure non sans rappeler de bons souvenirs aux trentenaires d'Alger. Les Samouraïs du verbe et du slam ont brillé par leur présence scénique, la force de frappe de leurs mots et poésie urbaine qui sonnent le glas du vrai objecteur de conscience qui a le mérite de nous faire toucher le ciel. Comme cette nuit là. Incroyablement bonne. Effet de lumière, quelques costumes de circonstance et moments chauds et solennels avec juste le talent de dire les choses avec rage et profondeur voilà comment c'était le concert de mardi soir. Partage, vitalité, danse, humour mais de la gravité quand même avec ce morceau contre le Front national notamment, qui dénonce le racisme et l'exclusion qui prévaut en France. Moment particulièrement émouvant et percutant et qui révèle si besoin est toutes les valeurs universalistes que prône ce groupe pétri de génie et de talent. Ainsi, après l'Ile de la Réunion, le Luxembourg, Tokyo, Montréal, New York, Alger fut la énième escale du groupe et ce pour la première fois au menu de la tournée d'IAM qui continue à prêcher sa belle parole, au sens noble du terme. Les éternels ados du rap, qualifiés de plus que jamais «rêveurs et idéalistes», n'ont rien perdu de leur superbe. Alger a eu droit enfin à son concert avec les poètes de la rime de Marseille. Les rappeurs de «la planète Mars» étaient tout simplement géniaux, irrémédiablement indémodables et irrévérencieux tels qu'on les aime et aimerait toujours. Si «Après la fête», c'est effectivement le retour à la réalité, les chaises se vident et on ne s'appelle plus, reste ces moments inoubliablement magiques que l'on retiendra en mémoire et c'est ça qui est le plus beau. A noter que c'est le groupe de rock du désert Tinariwen qui animera demain un concert au même endroit.