C'est la meilleure... «De chaque histoire douloureuse, je retiens la partie positive qui fait que tu peux rebondir derrière. C'est peut-être pour ça que les jeunes se reconnaissent en moi et que ça les fait rêver. De se dire un jour, ça sera mon tour...», a déclaré, jeudi soir, dans les coulisses, la fille de Bab Ezzouar, parti suivre son étoile au Canada, il y a déjà 7 ans. Invité à se produire au nouveau chapiteau du Hilton dans le cadre du Well Sound Ramadhan 2013, Zaho est venue interpréter quelques morceaux de son dernier album Contagieuse à l'instar de Allô, Boloss, Tout est pareil, Jardin d'Eden, mais aussi tourner la page, des morceaux tout aussi joyeux que d'autres tristes et aussi de ses anciens albums comme le fameux C'est chelou grâce auquel elle s'est fait connaître, Un peu beaucoup, tu es mon meilleur, Kif ndir, je te promets et le fameux duo avec cheb Mami, Halili. Elle invitera aussi le public dans une ambiance des plus chaleureuses, délurées et survoltées à se donner à un Harlem shake général, le tout dans la bonne humeur. Le public le lui rendait bien en scandant à tue- tête «Zaho dialna!» frôlant par moment les atmosphères de stade inondant d'émotion la chanteuse qui s'est donné à fond pour faire plaisir à son public. La chanteuse de Rn'b à la voix de velours, s'est confiée à nous juste après le concert.. L'Expression: Zaho, quel est votre sentiment en vous produisant enfin chez vous, en Algérie? Zaho: Pour décrire l'émotion, on a toujours une petite appréhension. Car on est plus nerveux de jouer devant les gens qui vous connaissent le plus on va dire, ou qui vous ont vu grandir. Donc petite appréhension et beaucoup d'excitation et on est un peu plus fragile, mais quand on voit l'accueil qu'on m'a réservé, ça donne des ailes. On sent que vous avez mûri, en tout cas, par rapport à votre dernier concert au Casif de Sidi Fredj.. Oui probablement, c'est la vie. Moi, en tant que personne, je me sens déjà un peu plus femme. Quelques années ont passé. C'est l'expérience, c'est la vie. On se forge avec les années qui passent, c'est la progression logique et ça se sent aussi dans mon album Contagieuse. On peut le ressentir parce que l'album est le miroir de l'artiste. Donc c'est un peu comme ça que je le conçois. Vous avez d'ailleurs déclaré, lors d'une interview, «pour me connaître aujourd'hui il faut écouter mon album...». Exactement, c'est ce qui me représente, c'est mon oeuvre, ça représente ce que je suis pour le moment. Dans deux ans, j'aurai progressé, évolué, en tout cas, je l'espère. Il y aura plus de finesse encore dans les sujets, plus de détails dans les thèmes, ça prouvera qu'on n'a jamais fini d'apprendre. Allô est cette chanson très personnelle qui raconte un peu votre parcours... Bien sûr, elle raconte mon histoire. C'est l'avant et l'après-exil de l'Algérie. Justement, ce soir j'ai un collègue qui a pu partager une année de ma vie et qui est là. Je suis très ravie de le voir. Il y avait un autre ami à nous, Abdellah qui, lui, venait à l'université avec un sac à dos et chaque soir, il était au port. Il restait au quai dans l'espoir qu'il y ait une faille pour qu'il puisse se barrer. C'était un fou. parfois je l'accompagnais pour lui donner du courage. C'est pour ça que je dis dans ma chanson: «J'aurai pu tenter, tout rater et finir menottée, j'aurai pu me planter, partir avec un sac à dos... O.K.» Tout ça ce sont des petits clins d'oeils à des histoires que j'ai pu vivre ou que j'ai vu vivre autour de moi. Je me dis que j'ai eu beaucoup de chance, beaucoup de bol. Je suis très reconnaissante aujourd'hui. J'ai eu de la chance que j'ai pu saisir et je pense qu'on la provoque aussi la chance, c'est pourquoi, en parlant au public, je leur disais que tout est possible. C'est un peu de ça que parle la chanson Allô. En fait, pourquoi allô? car c'est le premier mot qui nous vient à l'esprit quand on communique au téléphone avec quelqu'un. Donc ça veut dire: «Bonjour, je suis là pour qui est en face de moi» et moi je décris un peu qui j'étais et qui je suis aujourd'hui... Et la vie au Canada alors? Eh bien, il y a eu un temps d'adaptation. C'est mon pays d'adoption quand même. La chance que j'ai eu est que le Canada m'a ouvert ses bras. Il m'a accepté telle que j'étais. Sans vouloir me changer. Ce n'est pas le cas de tous les pays. Le Canada c'est un pays rempli de cultures, donc on m'a acceptée en tant qu'Algérienne. Et on m'a dit bienvenue chez vous. On n'entend pas cela partout. Il y a de plus en plus d'Algériens d'ailleurs qui immigrent au Canada. C'est vrai que le Canada m'a permis de concrétiser mon rêve en me donnant plus de facilité. Je n'aurai peut-être jamais pu m'improviser productrice si je n'avais pas été au Canada. Je n'aurai pas pu avoir accès à autant de studios. Je sais qu'aujourd'hui ça a progressé en Algérie. Il y a plein de studios, plein de jeunes talents, mais à l'époque, quand je suis partie on n'avait pas accès à tout ça. Tout ce que j'avais, c'était une guitare, assis à terre et on chantait. Ça s'arrêtait là et on rêvait qu'un jour on fera des choses. Cela dit, je reste très connectée par rapport à ce qui se passe en Algérie. J'aime entendre du blues algérien, du rock algérien... Du rap algérien, des artistes algériens qui chantent en anglais, tous ces mélanges. Je reste connectée à ma manière avec mon pays. Vous avez fait des rencontres et de nombreux duos, pourquoi? Tout à fait. Oui j'en ai fait énormément, mais j'adore ça. Ce qui m'intéresse dans mon métier, c'est aussi la rencontre de l'autre. Donc c'est un peu pour ça que je fais beaucoup de duos et jen fais qu'avec des gens que j'aime bien. Avec lesquels j'ai déjà parlé, je m'entends bien artistiquement et humainement, tout simplement. Il y a plein de gens que j'aimais peut être bien artistiquement, mais où ça n'a pas marché humainement, je sentais quelque chose de faux et je n'ai pas été jusqu'au bout des choses, parce que j'estime qu'un duo va te suivre durant ta vie. C'est une trace de soi, un peu comme un livre, une oeuvre, un tableau. Moi, c'est la musique et je n'ai pas envie d'avoir des regrets dans ma vie. Je ne fais les choses qu'avec envie. Comme chanter en arabe par exemple. Le faire gratuitement pour prôner mon algérianité ne servirait à rien. Je n'ai rien à prouver, je suis Algérienne point barre à la ligne. Ce sont ceux qui ont un manque de quelque chose qui en font trop. Et je n'ai pas envie de tomber dans le cliché. Je pense que cela nuit plus aux Algériens de vouloir prouver qu'au lieu de faire tout simplement.