Pas de corrompus, donc pas de corrupteur. Et l'affaire est... classée! Une enquête interne de Saipem qui a été menée par des consultants externes n'a pas trouvé de trace à des paiements illégaux aux officiels algériens. Le scandale de corruption qui éclabousse Sonatrach et dans lequel seraient impliquées des sociétés étrangères, notamment Saipem, filiale du géant énergétique italien Eni, refait surface. Alors que les justices algérienne et italienne qui enquêtent sur l'affaire de versement de pots-de-vin à des responsables algériens en contrepartie de marchés, n'ont pas encore rendu leur conclusion, les responsables de Saipem ont rendu les leurs. En cela, Saipem a devancé les justices de ces deux pays en déclenchant une enquête interne qui a été menée par des consultants externes. L'enquête n'a pas abouti à la conclusion qu'il n'y avait aucune preuve de paiements illégaux versés à des officiels algériens, rapporte le Wall Street Journal du mercredi 17 juillet. Aucune trace de paiements illégaux aux officiels algériens n'a été trouvée, selon la société qui souligne la découverte de violations au niveau des procédures internes de Saipem. Pour redorer son blason, Saipem, qui a perdu presque la moitié de sa capitalisation boursière depuis le début de l'année, notamment suite à l'affaire de corruption avec Sonatrach, a annoncé que son conseil d'administration avait décidé de poursuivre légalement certains ex-employés et fournisseurs, en vue de protéger les intérêts de Saipem. Quant aux résultats de son enquête interne, ils seront transmis aux procureurs milanais chargés de l'affaire. Au lendemain des révélations des résultats de cette enquête interne, soit jeudi 18 juillet, le ministre de l'Energie et des Mines algérien, Youcef Yousfi, a rencontré le président du groupe énergétique italien ENI, Paolo Scaroni, à Alger. Selon un communiqué du ministère, évoquant une visite de courtoisie de M.Scaroni à M.Yousfi, les deux responsables ont examiné «l'état des relations liant le groupe à la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach et les perspectives de leur développement». Mais le communiqué ne donne aucune indication sur l'état de ces relations. «Le président du groupe italien a abordé également, au cours de cette rencontre, la situation du marché international des hydrocarbures», ajoute la même source, sans aucun autre détail. Quel lien existe-t-il entre les deux événements? En tout état de cause, si les consultants externes à Saipem n'ont découvert aucune trace de paiements illégaux aux officiels algériens, il semble que cela n'est pas le cas des magistrats italiens. Ces derniers auraient découvert, le mois d'avril dernier, des e-mails compromettants échangés entre des responsables de Sonatrach et ceux de Saipem, soupçonnés d'avoir versé des pots-de-vin à des intermédiaires algériens, pour obtenir des contrats en Algérie. Selon des sources judiciaires, des responsables de la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach et un proche de l'ex-ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, négociaient leurs commissions par e-mails avec des dirigeants de Saïpem. Selon des rapports publiés par la presse italienne, canadienne et algérienne, Chakib Khelil, qui n'est inquiété pour le moment par aucune police ni aucun tribunal et Farid Bedjaoui ont joué des rôles-clés dans l'octroi des marchés de Sonatrach aux entreprises italienne Saipem et canadienne SNC Lavalin, en contrepartie de commissions versées par les responsables de ces entreprises. Les commissions s'élèvent à des dizaines de millions de dollars. Quid de la justice algérienne? Cette dernière a observé un silence radio sur la suite réservée à l'enquête ouverte par le parquet d'Alger qui avait lancé des commissions rogatoires internationales. Ce qui est sûr est que, selon une déclaration du ministre algérien de la Justice, Mohamed Charfi, faite le 2 juillet 2013, «l'enquête sur Sonatrach avait révélé un véritable réseau de corruption internationale dont les tentacules s'étendent à tous les continents». Un véritable réseau de pillage des richesses des Algériens. Mauvaise gestion, quand tu nous tiens.