Ali Benouari - Madjid Mezghenna - Kamel Benkoussa L'article 73 de la Constitution interdit à un candidat jouissant de la double nationalité de se porter candidat à la présidentielle. Alors que les politiques de la scène nationale tardent à se manifester pour la présidentielle de 2014 (excepté Ahmed Benbitour), les candidats nous viennent de l'extérieur. Ils sont, en effet, quatre issus de l'émigration à s'être officiellement portés candidats à la présidentielle de 2014. De France, de Suisse et d'Angleterre, ces jeunes binationaux veulent prendre les destinées de leur pays d'origine. Le dernier à avoir annoncé sa candidature, est M.Ali Benouari. Citoyen suisse depuis presque 20 ans, il n'est pas inconnu de la scène politique nationale, vu qu'il a déjà occupé un poste de responsabilité. Ali Benouari n'est autre que l'ancien ministre algérien des Finances et du Trésor du gouvernement Ghozali. Agé de 62 ans, cet économiste dirige une société de consulting et conseil. Il est le fondateur de l'Association suisse des musulmans pour la laïcité. Ali Benouari a obtenu la nationalité suisse en 2000, et s'est présenté trois fois à des élections depuis. Après avoir tenté sa chance en Suisse, le voilà donc qui la tente en Algérie. «Oui, j'envisage de me porter candidat», a-t-il déclaré dans une interview publiée vendredi par le journal La Tribune de Genève. Mais M.Benouari n'est pas un candidat unique en son genre. Il n'a fait qu'emboîter le pas à trois autres binationaux. Kamel Benkoussa, lui, nous vient de Londres. Comme Ali Benouari, il est expert en économie. Ce trader de la prestigieuse London Stock Exchange contribue régulièrement pour plusieurs médias algériens et internationaux, traitant des sujets de politique, économie et questions sociales. De parents algériens, il est né en France avant de s'installer de l'autre côté de la Manche. Brillant dans les affaires, il gère plusieurs fonds d'investissements étrangers. Il a fondé l'Algerian Awakening Movement en 2012, basé sur l'idée que seule la prise de conscience de la société civile peut mettre un terme à la crise en Algérie. Lors d'un voyage à Constantine pour la promotion de cette initiative, M.Benkoussa a fait savoir qu'il était prêt à tenter l'aventure présidentielle si «derrière, il y avait un mouvement national». Avant la Suisse et l'Angleterre, c'était de France que des candidats à la double nationalité avaient émergé. On parle d'abord de Madjid Mezghenna, un Alsacien de 67 ans d'origine algérienne. Contrairement aux deux autres candidats, Madjid Mezghenna n'est pas un économiste de renommée mondiale. Il se définit comme un simple Algérien. Lui qui a été officier de la marine avant d'être enseignant puis directeur d'une école primaire. Il changera ensuite complètement de cap avec une carrière dans le bâtiment. Il commencera manoeuvre pour finir chef de chantier avant de changer à nouveau de domaine et devenir chauffeur routier. Le dernier et non moins le plus connu de ces candidats venus d'ailleurs est l'homme d'affaires franco-algérien, Rachid Nekkaz. Cet homme politique français, d'origine algérienne, et fervent défenseur du droit au port du voile intégral a, en effet, décidé de se présenter à l'élection présidentielle de 2014 en Algérie.Le millionnaire franco-algérien n'est pas à son premier coup médiatique, lui qui a déjà tenté de se présenter à l'élection présidentielle française de 2007. Âgé de 41 ans et marié à une Américaine, il est réputé pour être provocateur. Il a annoncé sa candidature à partir des frontières algéro-marocaines. Depuis le 5 juin dernier, Rachid Nekkaz a commencé sa campagne électorale. Il est en train de récolter les signatures et n'hésite pas à utiliser les TIC pour cela. Il a créé son site «nekkazpresident.com». Et il s'est même payé des publicités sur Facebook où des liens nous invitent à offrir notre signature. Ces binationaux qui veulent prendre les destinées du pays sont ambitieux et brillants. Seul bémol, l'article 73 de la Constitution. Celui-ci interdit à un candidat jouissant de la double nationalité de se porter candidat à la présidentielle. «Art. 73 - pour être éligible à la présidence de la République, le candidat doit: jouir uniquement de la nationalité algérienne d'origine», est-il inscrit dans la Constitution algérienne. La question qui se pose donc est: ces binationaux ignorent-ils à ce point qu'ils ne peuvent se porter candidats? Rachid Nekkaz lui, en tout cas, le sait. Et il affirme qu'il est en train d'effectuer des démarches pour qu'il soit déchu de sa nationalité française. Reste le problème de sa femme américaine qui, selon le même article 73, doit aussi avoir la nationalité algérienne. Il répond à ce sujet, qu'il n'est pas marié sur papier, mais juste avec la Fatiha. Malgré cela, il lui reste le problème du mariage car, selon la Constitution, le candidat à la présidentielle algérienne doit impérativement être marié avec une femme de nationalité algérienne. Ce qui fait que malgré toutes ces garanties, la candidature de Rachid Nekkaz, comme pour les trois autres candidats, tombe à l'eau. Ce n'est qu'un coup de pub. Néanmoins, cela lance un débat: et si les émigrés ouvraient droit. Ils sont bien Algériens. Et on les voit défendre avec réussite et ferveur les couleurs de notre Equipe nationale de football. Certes, la Constitution ne leur ouvre pas le droit à la présidence, mais pourquoi ne pas faire appel à leurs compétences pour d'autres hauts postes de l'Etat tels que les ministères techniques ou les mettre à la tête de grandes entreprises publiques?