Le mouvement citoyen est à la croisée des chemins. L'usure et le manque de stratégie risquent de faire voler en éclats l'homogénéité constatée jusque-là. Au terme de deux jours non-stop de débats, parfois houleux, les délégués des différentes wilayas présentes lors du conclave de l'interwilayas au lycée Illouli et ce, malgré un ordre du jour chargé, ont fini par adopter l'explicitation de la plate-forme d'El-Kseur. Cette adoption a été arrachée in extremis vu le refus de la délégation de Béjaïa d'entériner le dernier paragraphe relatif aux modalités d'application des solutions une fois que le pouvoir aurait accepté de satisfaire les revendications formulées. Se considérant partie prenante dans la mise en oeuvre des solutions proposées, les délégués de Béjaïa ont vu, à travers cette formulation, un début de négociation avec le pouvoir. Et il aura fallu l'intervention de M. Bouzerma, amputé d'une jambe lors des derniers événements et celle du frère d'un décédé, père de 3 enfants, pour que l'atmosphère électrique redevienne sereine. Néanmoins, des divergences de fond commencent à voir le jour, notamment concernant le dialogue et la négociation que rejettent certains délégués maximalistes. L'absence de stratégie la non-clarté des objectifs à atteindre ont davantage compliqué la situation et ce, sans parler du mode de fonctionnement horizontal lassant à souhait. Les délégués ont aussi fait le bilan des différentes actions entamées les 15 et 17 de ce mois, à savoir les grèves générales, les sit-in sur les routes ainsi que les marches locales jugées «réussies» malgré quelques défaillances. Par ailleurs, et concernant les perspectives, beaucoup de propositions ont été faites, notamment le boycott des prochaines échéances électorales, le retour au week-end dominical, le boycott des impôts, etc., mais aucune n'a été encore définitivement retenue. Concernant la marche d'aujourd'hui à Ighil-Imoula, le délégué des Ouadhias, membre de la commission d'organisation, a rassuré ses camarades que tout est fin prêt pour sa réussite. Néanmoins, certains n'ont pas manqué d'émettre des doutes suite à l'appel de la FFC et de l'ONVT à la marche le même jour à Tizi Ouzou. Une démarcation qui s'ajoute à l'appel du conseil communal de Tizi Ouzou, fait aux commerçants pour ne pas faire grève aujourd'hui et pour discuter éventuellement de l'anarchie que connaît la ville des Genêts. Un communiqué condamnant toutes «ces manoeuvres du pouvoir» a été rédigé à la fin des travaux.