Les Archs qui se réclament comme le principal interlocuteur du pouvoir ont déjà entamé leur campagne antivote. Le candidat résolument démocratique et républicain est appelé, durant la campagne électorale, à affronter à la fois le président-candidat et le mouvement citoyen. C'est dire que la tâche n'est pas aisée pour le patron du RCD dont le fief est désormais scindé en plusieurs fragments. Les archs qui se réclament comme le principal interlocuteur du pouvoir ont déjà entamé leur campagne antivote. D'aucuns estiment que ce rejet, en neutralisant l'électorat kabyle, profitera, au bout du compte, à Bouteflika. Avec le soutien de l'UDR à ce dernier, la mission de Sadi est, donc, non seulement de confirmer son ancrage dans cette région qui lui a offert des dizaines de milliers de signatures mais aussi d'éviter une abstention massive le 8 avril. S'il est vrai que ce dernier cas de figure sera synonyme d'une sérieuse scission au sein de l'Etat, il est aussi vrai que Sadi peut tirer des dividendes politiques en se dressant comme un rempart contre une véritable fracture. Ce rôle stratégique nous rappelle le scénario de la présidentielle de 1995 à laquelle Sadi avait pris part pour remettre le pays sur les rails du processus électoral et réhabiliter les institutions de l'Etat ébranlées par la violence terroriste. En 1999, le président du RCD a préféré boycotter le rendez-vous présidentiel pour ne pas cautionner «la fraude du siècle». Toutefois, Sadi n'a pas pu résister, par la suite, aux opérations de charme menées par Bouteflika. Ainsi, en intégrant la coalition gouvernementale, le RCD a sérieusement compromis son aura d'opposant du pouvoir. En dépit du retrait de ses deux ministres en 2001 suite aux événements de Kabylie, Sadi n'a pas pu se refaire la stature d'antan. Au contraire, il était acculé à la défensive par un mouvement qui catalysait l'ensemble de la force juvénile kabyle. Même en boycottant les élections de 2002, pour corroborer l'option des archs, le RCD était forcé à une longue période d'hibernation. Depuis, des militants de ce parti n'ont pas cessé d'intégrer les structures du mouvement citoyen dans le but de l'accompagner et, pourquoi pas, l'orienter. Aujourd'hui, contrairement à 1995, la participation de Sadi relève d'un défi pour la vie ou la mort politique de sa formation politique. De fait, cet émérite militant des droits de l'Homme est parvenu, après la validation de sa candidature, à s'imposer comme «le seul délégué légal de la Kabylie» selon Ferdjellah. Qualifiant la candidature de Sadi «d'une victoire d'un combat pour la sauvegarde de la nation», son directeur de campagne indique que le programme de Sadi se confond avec son parcours. S'agissant de la campagne électorale en Kabylie, notre interlocuteur, tout en reconnaissant les difficultés, se dit serein et déterminé pour mener le combat. Pour ce qui est de son deuxième rival, épaulé par Benyounès, Sadi peut faire barrage à cette tentative de normaliser la Kabylie sans qu'aucun geste fort ne soit annoncé par Bouteflika. Membre du groupe des dix, le président du RCD, connu pour sa lucidité et sa verve oratrice, tentera de mettre à nu tous les dépassements du président-candidat. La campagne électorale promet, donc, d'être passionnante voire houleuse en Kabylie.