Bouteflika et Benflis sont attendus, aujourd'hui, à Béjaïa, où ils animeront chacun un meeting électoral. Bouteflika sera, dès 9h, accueilli par ses partisans à la salle Bleue, tandis que le candidat du FLN s'adressera, dans l'après-midi, à ses fidèles dans la salle Amirouche. Forte de son électorat, dont l'expression n'est pas tout à fait certaine, la région de la Basse- Kabylie continue à être convoitée par les candidats en lice pour la présidentielle du 8 avril. Le bal de meetings électoraux, ouvert jeudi dernier par le candidat du RCD, se poursuivra aujourd'hui sur fond de tension extrême, sachant que les deux hôtes de Béjaïa ont tous deux une part de responsabilité dans la gestion de la crise qui secoue la région depuis trois ans. Après le succès des précédents meetings, c'est au tour des deux principaux candidats de cette élection de tenter leur chance et de vérifier leur popularité dans cette région, encouragés en cela par la sérénité qui a caractérisé les sorties de Sadi, d'Ouyahia et de Rebaïne. Au-delà de la coïncidence de ces deux sorties, qui est loin d'être innocente, il y a lieu de s'interroger sur le choix de salles aussi vastes. En optant respectivement pour la salle Bleue et la salle Amirouche, Bouteflika et Ali Benflis sont-ils aussi sûrs de ratisser large dans une région longtemps livrée aux archs? Quand bien même l'influence de ces derniers serait, en ce moment, en déclin, ces deux grosses cylindrées ne tentent-ils pas là un pari risqué? Même s'il est de notoriété publique que la population est en retrait en raison des fractures au sein du mouvement et l'absence de stratégie porteuse d'espoir, il n'en demeure pas moins que croire faire le plein serait «utopique», disent certains observateurs. Faux rétorquent d'autres qui tablent sur une présence massive des Bédjaouis à ces deux rendez-vous. Ces derniers vous rappelleront à satiété les conditions ayant prévalu à la veille du meeting de Sadi et de l'ensemble des rencontres initiées jusque-là. N'ayant pas l'ancrage suffisant, les archs ont dû battre le rappel des troupes pour une rencontre extraordinaire, dans la nuit de mercredi à jeudi, à Akfadou. Ce conclave convoqué en urgence n'a de mérite que celui de confirmer «une sorte d'essoufflement» qui n'est pas pour arranger la situation du mouvement citoyen. Aux tiraillements internes s'ajoute désormais cette réalité amère consistant à circonscrire l'action antivote. Outre le rappel de la position du mouvement par rapport à l'appel d'Ouyahia et l'exclusion et la mise en quarantaine prononcée contre le délégué Hakim Kacimi et son équipe, il n'y a pas grand-chose à retenir si ce n'est quelques modifications apportées aux actions retenues dans le cadre de la campagne antivote, mais surtout cette volonté de s'associer pour «contrer la visite du président-candidat à Béjaïa». Mais à ce sujet, ne sont-ils pas déjà pris de vitesse? N'ayant pas de date fixe pour la virée de Bouteflika, les archs de Béjaïa n'ont pu définir ni la nature, encore moins la date de l'action de riposte. Voilà qu'ils sont pris au dépourvu. Encore une fois, ils vont devoir improviser pour tenter de perturber ces deux sorties dont la coïncidence du calendrier n'échappe à personne, notamment les partisans du candidat Ali Benflis, qui n'ont pas caché, hier, leur inquiétude et leur colère allant jusqu'à dire «manoeuvre provocatrice». A ce titre, expliquent-ils, «le président-candidat a fait sciemment avancer son meeting pour déstabiliser la situation de façon à faire croire qu'il n'est pas le seul à en pâtir en Kabylie».