La «victoire» juridique du cercle présidentiel place les «légalistes» en situation très inconfortable vis-à-vis des lois de la République. Rencontré hier en marge de l'ouverture de la session du printemps du Conseil de la nation, Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, et un des principaux acteurs du mouvement de redressement du FLN, considère sans surprise la confirmation par la Cour suprême de la décision de justice rendue par la chambre administrative du tribunal d'Alger au sujet du gel des statuts du parti du FLN issue du 8e congrès. La direction du parti, en l'état actuel des choses, revient, selon les propos de M.Louh, dûment à la direction provisoire issue du «congrès d'étape», organisé récemment à Alger par les «redresseurs», une instance censée donner un semblant de légitimité à leur mouvement de dissidence. «Actuellement il existe un bureau provisoire issu du congrès d'étape qui a la mission de gérer les affaires courantes du parti jusqu'à la tenue du congrès rassembleur, confirme le ministre qui ajoute que les instances issues du dernier congrès détiennent la légitimité sur le plan politique. Le verdict du Conseil d'Etat étant enfin rendu, M.Louh, affirme que la direction provisoire s'attellera, dans les prochains jours, à la mise en application de cette décision «devant laquelle tout le monde doit se plier», explique l'ex-SG du Syndicat national des magistrats (SNM). La réaction de Tayeb Louh donne un aperçu de ce que sera la lutte pour le contrôle, non seulement des structures du FLN, mais également de ses locaux. Confortés par une décision de justice, les dissidents de l'ex-parti unique auront donc la loi en leur faveur, ce qui leur manquait lors des premières tentatives d'occupation des sièges de mouhafadha de plusieurs wilayas du pays. La «victoire» juridique remportée par les «redresseurs», mettra, de fait, les «légalistes» en situation très inconfortable vis-à-vis des lois de la République et risque de compromettre le déroulement normal de la campagne électorale du candidat Benflis. En effet, à bien lire les déclarations de Tayeb Louh, il est attendu une offensive tous azimuts des «redresseurs», pour récupérer les biens immobiliers du parti notamment. Une telle perspective va amputer les militants du FLN d'une partie importante de leur logistique et rendra problématique les actions de campagne électorale. En fait, le verdict du Conseil d'Etat est tombé au plus mauvais moment pour la direction issue de la 8e formation de Benflis qui, du jour au lendemain, se voit retirer son caractère légal et pousser à faire de la résistance au plan politique, en plein période électorale. Le candidat Bouteflika qui bénéficie du soutien de deux grosses cylindrées de la classe politique nationale, le MSP et le RND, aura sans doute une sérieuse longueur d'avance sur son plus sérieux concurrent qui reçoit un coup dur à deux mois de la présidentielle.