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Nouveaux regards sur l'histoire nationale
FERHAT ABBAS: UN HOMME, UN VISIONNAIRE DE HOCINE MEZALI
Publié dans L'Expression le 30 - 07 - 2013

Il ne fait pas de doute que la mondialisation tente d'influer aussi sur les cultures nationales et par là-même cherche à faire émerger ou développer une histoire globale. Or, unité dans la recherche des sciences humaines ne doit pas se transformer en uniformité dans l'explication de l'Histoire.
En effet, les événements qui se font jour dans un espace donné ne sont pas les mêmes dans un autre, car la connaissance historique, se réalisant grâce à la grande durée, ne peut être conscience historique. Ainsi, lorsque l'homme politique par ses positions, parfois mal comprises ou critiquées lors de leur diffusion dans l'instantané, même si elles perdurent, il arrive qu'elles ne pourront lui faire valoir considération et estime qu'avec le déroulement du temps plus ou moins long dès lors que ses visions se concrétisent réellement. C'est pourquoi l'histoire nationale d'un pays ne peut être ni ignorée ni occultée, car la culture identitaire est le résultat de l'histoire nationale en mouvement. Aussi, l'écriture de l'Histoire devient un exercice complexe, voire difficile grâce aux nouveaux courants de pensée qui traversent les sociétés et enfantent par là même, des nouveaux champs de recherche.
C'est ce qui se dégage de certains essais historiques édités à l'occasion du Cinquantenaire de l'indépendance algérienne.
Parmi ces livres, celui de Hocine Mezali sur Ferhat Abbas Un Homme, un visionnaire est une contribution efficace et pertinente sur cette personnalité longtemps controversée, conspuée parfois, mal jugée souvent. Dans le cadre de l'écriture de l'histoire algérienne, cet ouvrage est et restera une référence après ceux de Amar Naroune (1961) pionnier en ce domaine, Benjamin Stora, Zakya-Daoud (1995) et Mme Leila Benamar Benmansour (2010).
Des articles revendicatifs
L'auteur débute son récit biographique à partir du débarquement des Américains en Algérie en 1942 durant la Seconde Guerre mondiale, soulignant aussi l'évolution politique qui se fait déjà jour chez les Algériens dans leur prise de conscience face à l'Etat colon qui les opprime depuis 1830 dans leur propre pays.
A cette époque, Ferhat Abbas n'est pas un inconnu sur le plan national puisque, dès 1925, alors étudiant en pharmacie à Alger, il publie sous le pseudonyme - plein de sens - de Kamel Abencerages, des articles revendicatifs pour ces frères considérés comme des non-êtres par les colons européens. Elu dès 1930 au conseil municipal de Sétif, puis conseiller général en 1935, il est préparé pour jouer un rôle important afin de briser le carcan colonial.
Il a été aussi un membre influent au sein de la Fédération des élus musulmans de Constantine créée et animée par le Dr Bendjelloul à partir de 1934.
Descendant de parents paysans, Ferhat Abbas n'a jamais oublié le terroir où il a vécu, côtoyant les fellahs exploités par les colons et en butte avec l'administration coloniale, par et pour des chicaneries administratives. Cette proximité a été sa première éducation politique. Il sait comment fonctionne la société de sa jeunesse et son souci est de la transformer par étapes pour l'aider à sortir de sa léthargie. Le problème n'est pas pour lui de critiquer simplement, mais de construire, d'organiser et d'innover. Pour cela, il utilise les arguments des tenants de la politique coloniale. Pharmacien de son état, il veut utiliser, pour le réveil de la population algérienne, des étapes progressives dans les revendications, qui lui permet d'être à même de gérer ses propres affaires le moment venu, à l'instar d'un patient qui doit suivre les prescriptions médicales par doses avant sa guérison.
Pour ne pas rester confiné dans des demandes de revendications qui n'arrivent pas du fait de l'ostracisme des pouvoirs publics français, il quitte ce vieux routier de la politique qu'était le Dr Bendjelloul auprès duquel il a fait ses premières armes, pour fonder, dès 1938, son propre parti l'Union populaire. A chaque étape de l'évolution de la société algérienne, Ferhat Abbas se radicalise un peu plus pour être en phase avec le peuple algérien.
Cette évolution de Ferhat Abbas, dont l'action revendicative politique, est bien étudiée par Hocine Mezali dans son ouvrage qui peut-être considéré à la fois comme un essai d'histoire et de sociologie politique de l'Algérie coloniale.
Connu aussi par ses articles de presse quoique modérés en la forme, mais véhéments au fond, il fait peur aux colons et à l'administration coloniale qui le considèrent comme un agitateur sûr dans ses convictions en voulant détruire tous les privilèges.
C'est dans cet état d'esprit que, profitant de l'occupation de la France par les Allemands en 1940 et l'entrée en guerre des Américains - connus pour leur anticolonialisme - contre le nazisme, pour présenter en 1943, un cahier de revendications, appelé le Manifeste du peuple algérien, aux Alliés et au gouverneur général gaulliste de l'Algérie de l'époque: le général Catroux.
Ferhat Abbas sait pertinemment que le sacrifice de milliers de soldats algériens durant la Seconde Guerre mondiale lui a donné un atout supplémentaire aux revendications légitimes du peuple algérien. Le colonialisme est un impérialisme tout aussi nocif pour tout humain que le nazisme. Dès la fin de la guerre, en 1945, Ferhat Abbas est sur tous les fronts pour valoir les nombreuses promesses de l'administration française et des alliés, pour plus de liberté aux Algériens.
Ayant compris que le colonialisme est un mauvais élève, Ferhat Abbas se fait penseur de la transformation sociale et utilise tous les moyens légaux pour la réalisation d'une fraternité concrète entre tous les habitants de l'Algérie construite alors entre dominateurs, - les Européens, et diminés - les Algériens. La presse va jouer le rôle de catalyseur dans la transformation des mentalités.
Après les déboires du Mouvement rassembleur des Amis du Manifeste et de la liberté (AML) Ferhat Abbas fonde, en 1946, l'Union démocratique du manifeste algérien. L'organe de ce parti, Egalité, est en lui-même tout un programme. Puis en rebaptisant La République algérienne peu après, c'est pour lui une nouvelle étape vers et dans l'émancipation de l'Algérie.
Pragmatique, il n'oublie jamais le noble objectif de son idéal, considéré comme utopie pour certains, à savoir, la libération de ses frères. Pour cela, la fin justifie bien les moyens. Son courage politique ne fait jamais défaut grâce à son sens de l'Histoire. Il s'est vite rendu compte que la vie politique donne chair et sens à tout ce qui se revendique par la raison du droit.
Le fondateur de l'UDMA
Mais le 8 Mai 1945 à Guelma - Sétif - Kherrata, mais aussi à Saïda, des Algériens voulant manifester pacifiquement à leur manière la fin de la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle des milliers des leurs ont été tués sur les champs de bataille européens furent durement stoppés par les Services de sécurité français, aidés par des milices de pieds-noirs. Cette fanfaronnade spontanée était avant tout un message aux Algériens de ne pas trop croire à l'esprit de liberté prôné par les Alliés et la nouvelle Organisation des Nations unies, créée justement en 1945 pour éviter de nouveaux conflits à l'avenir.
La tragédie constantinoise se solde par 45.000 civils tués froidement suivie par l'arrestation de très nombreux patriotes algériens dont Ferhat Abbas, ses amis et les sympathisants qui ont soutenu le 1ancement du Manifeste du peuple algérien. Leur libération ne se fera qu'après qu'ils aient enduré durant des mois, dans les camps du Sud algérien, les pires humiliations et pour certains, torturés gravement.
Le truquage de 1948 pour l'élection des membres de l'Assemblée algérienne instituée par le statut octroyé par le gouvernement français en 1947 fixant les nouveaux pouvoirs en Algérie, conforte Ferhat Abbas et ses amis que la France est toujours en retard dans la décolonisation parce que les colons prédateurs imposent leur propre politique, à savoir la pérennité de leurs privilèges. C'est cet immobilisme qui provoquera le déclenchement, le 1er Novembre 1954 de la guerre de Libération, qui verra après une guerre atroce la fin de leurs désillusions. Plus tard, ils reconnaîtront en privé que seul Ferhat Abbas était à même de préparer une Algérie confraternelle à tous ses habitants. C'était trop tard.
L'ouvrage de M.Hocine Mezali est une véritable anthologie des mesures et actions pratiques préconisées par Ferhat Abbas et ses amis pour faire évoluer, et les esprits, et les pouvoirs publics français qui s'accrochaient à l'idée que sans les colonies, la France n'aura aucune influence dans le monde. Mais à vouloir tout garder, la corde finira par se briser.
Si Ferhat Abbas a tenu malgré les vicissitudes de l'action politique, c'est grâce à des compagnons de grande valeur intellectuelle et morale qui n'ont jamais failli ou démérité dans la lutte pour l'émancipation du peuple algérien. Me Ahmed Boumendjel, le Dr. Ahmed Françis, Me Kaddour Sator, le Dr Saâdane... et tant d'autres méritent, pour chacun d'eux, une biographie tant leur contribution à la lutte libératrice a été grande et efficace. Cette élite a porté haut les couleurs algériennes lors de la libération finale pour l'indépendance du pays.
Ce faisant, Ferhat Abbas a eu l'intelligence de s'entourer d'hommes valeureux qui le considéraient comme un mentor et un grand rassembleur humaniste. L'histoire lui a donné déjà raison pour les principes démocratiques qu'il a toujours prônés dans la gouvernance du pays.
Si Amar Naroun a intitulé son essai Ferhat Abbas: où les Chemins de la Souveraineté, Benjamin Stora et Zakya Daoud, leur livre commun, Ferhat Abbas ou une autre Algérie, Leila Benamar Benmansour, L'injustice, celui de Hocine Mezali, Un Homme, un Visionnaire, ces sous-titres de chacun de leurs ouvrages respectifs, résument bien l'action et la persévérance de Ferhat Abbas qui a mérité de la patrie, en l'accueillant dans son panthéon. Croire en la volonté du peuple algérien de s'émanciper, c'est lui faire confiance et lui parlant toujours avec foi et le langage de vérité. C'était bien l'itinéraire de Ferhat Abbas, lequel se résume par cette sentence de Jules Romains: «Les esprits d'élite discutent des idées, les esprits moyens discutent des événements, les esprits médiocres discutent des personnes.» Que ce grand humaniste inspire les jeunes générations actuelles et futures; pour la gloire de l'Algérie éternelle. Déjà l'Histoire reconnaît en lui plus qu'un visionnaire, un homme d'Etat méritant respect et considération.
Ferhat Abbas: Un homme, un Visionnaire
Par Hocine Mezali Ed.El Dar El Othmania Alger.


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