Le nouvel émir du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani, était attendu hier en Arabie saoudite pour son premier déplacement à l'étranger depuis son accession au trône fin juin, a-t-on annoncé de source officielle saoudienne. Durant sa visite, cheikh Tamim «rencontrera (...) le roi Abdallah et effectuera la Omra», ou petit pèlerinage de La Mecque, premier lieu saint de l'islam, où se trouve actuellement le souverain saoudien pour la fin du ramadhan, a précisé l'agence officielle SPA. Cheikh Tamim, 33 ans, a accédé au trône le 25 juin après l'abdication de son père, cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, une démarche sans précédent dans le monde arabe. Le jeune émir entretient de bonnes relations avec l'Arabie saoudite, alors que Riyadh et Doha avaient eu des rapports tumultueux pendant quelques années sous le règne de l'ex-émir avant de se réconcilier. Mais ces rapports se sont tendus de nouveau dans la foulée du «Printemps arabe», notamment en Syrie, et plus récemment en Egypte, où s'est cristallisée la rivalité entre le Qatar et l'Arabie saoudite, en lutte pour étendre leur influence régionale. Cheikh Tamim a cependant affiché, dans son discours d'intronisation, sa volonté d'établir de bonnes relations «avec tous les gouvernements et tous les pays», alors que la politique de son père a suscité, dans l'opinion publique arabe, la méfiance pour son soutien sans réserve aux islamistes ayant accédé au pouvoir dans les pays du «Printemps arabe». Depuis, le Qatar a perdu du terrain sur la scène régionale au profit de l'Arabie saoudite qui a repris l'initiative dans les dossiers clés de l'Egypte, où la confrérie des Frères musulmans est en perte de vitesse, et de la Syrie. Les deux pays soutiennent deux approches différentes de l'islam politique: le Qatar s'est rangé du côté des partis politiques issus des Frères musulmans dont l'expérience a tourné court, alors que l'Arabie saoudite fait la promotion des groupes salafistes, plus portés sur des questions religieuses comme le port du voile islamique ou l'interdiction de la mixité. L'Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole dans le monde et chef de file de l'Opep, et le Qatar, riche monarchie gazière, sont membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG - qui regroupe aussi Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït et Oman).