Tout en maintenant le cap de la politique de son père, le nouvel émir donne l'impression de modérer l'agressivité de sa diplomatie sur le plan international, notamment sur le dossier syrien dans lequel le pays assure un soutien sans faille à la rébellion contre le président Bachar Al-Assad. Cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani semble opter pour une politique similaire à celle de l'Arabie Saoudite, qui multiplie les actions de soutien en faveur des islamistes à travers le monde sans pour autant le crier sur tous les toits. Le successeur de cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani a donné un aperçu de sa politique dans son discours à la nation mercredi soir au lendemain de son intronisation, en mettant l'accent sur le développement du pays, "en tête des priorités" de son gouvernement, sans faire la moindre référence aux dossiers aussi brûlants que le conflit syrien, qui était au cœur de la politique de son père. "Le Qatar ne changera pas de politique. Mais il est normal qu'une nouvelle équipe opte pour un nouveau style dans l'exercice du pouvoir", a estimé l'analyste émirati Abdelkhaleq Abdallah. Cet expert des monarchies du Golfe, estime qu'"à court terme, les impératifs de politique interne vont prendre le pas sur la diplomatie, le gouvernement de cheikh Tamim devant être à l'écoute du peuple dans sa quête de popularité". Il explique qu'en conséquence, le rôle prépondérant joué par le Qatar dans les pays du Printemps arabe, y compris en Syrie, "va s'atténuer en l'absence des deux pivots de la diplomatie qatarie : l'ex-émir et son Premier ministre", cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani, connu pour son franc-parler et sa politique agressive. Abdelkhaleq Abdallah a souligné que "l'expérience du Qatar ne se répétera pas ailleurs dans le Golfe", tout en jugeant que l'abdication de cheikh Hamad Ben Khalifa en faveur de son fils n'était "pas politiquement convaincante". Cheikh Tamim a souligné dans son discours que "le changement de la personne de l'émir ne signifie pas que les défis et les responsabilités changent". Le Qatar "s'est rangé aux côtés des peuples arabes dans leur aspiration à la liberté et à la dignité, et contre la corruption et la tyrannie", et il demeurera "la Kaâba des opprimés", a-t-il dit. "L'émir agira dans la continuité mais avec un style différent", a noté pour sa part l'analyste arabe Abdelwahab Badrakhan, basé à Londres. Il a souligné que "l'absence de référence à la Syrie dans le discours du souverain ne signifie pas un changement de politique même si l'émir peut reconsidérer le soutien du Qatar aux islamistes" parvenus au pouvoir dans les pays du Printemps arabe, vivement dénoncé en Tunisie et en Egypte notamment. M T Nom Adresse email