Les libertés confisquées au pays des libertés Parce qu'elle portait le voile, une adolescente de 16 ans a été balafrée lundi à Trappes, dans le département des Yvelines. A vouloir trop en faire sur la question du port du voile et de celles liées à la laïcité, le ministre français de l'Intérieur a ouvert la porte aux tenants de l'idéologie raciste et xénophobe. Le débat sur le projet d'étendre l'interdiction du port du voile aux universités soutenu par Manuel Valls est à peine entamé qu'il vient de démontrer qu'il sera explosif. En attendant, ce sont les femmes musulmanes voilées qui en subissent les conséquences. Trois d'entre elles ont porté plainte en l'espace d'à peine quatre mois après avoir subi des agressions à caractère raciste. La dernière affaire en date concerne une adolescente de 16 ans dont le visage a été lacéré, lundi, à Trappes, dans le département des Yvelines, par deux hommes de type européen. Elle aussi portait le voile. Il ne fait déjà pas bon vivre dans la patrie des droits de l'homme lorsque l'on a la peau basanée ou de couleur noire si de surcroît l'on affiche son appartenance religieuse, on s'expose à la violence. A la haine. C'est la mésaventure vécue le 12 août 2013 par cette jeune fille pas encore sortie de l'adolescence qui a déclaré aux policiers «avoir été abordée par deux hommes, lui montrant un objet tranchant». «Ils lui auraient ensuite arraché son voile et porté un coup à l'épaule, tout en proférant à son encontre des insultes à caractère islamophobe», rapporte le quotidien Le Monde sur son site. Le témoignage de la victime fait cependant état d'une agression d'une extrême violence. «Deux individus sortis de la voiture sont arrivés par derrière et m'ont arraché mon voile en me disant «Sale pute avec ton voile!» J'ai commencé à avoir vraiment peur en leur disant «qu'est-ce que vous voulez?». Le premier individu avait le crâne rasé et était de type européen, il m'a insultée en me disant «sale Noire, sale musulmane, retourne dans ton pays, retire-moi ça!» raconte-t-elle. Son calvaire ne faisait que commencer! «Il a pris un objet tranchant et s'est mis à me scarifier le visage avec des mouvements courts et rapides, tandis que le deuxième individu m'immobilisait contre lui en me bloquant le visage. Le premier disait «espèce de sale Noire, là, Dieu, il va t'aider?!» poursuit-elle. Elle n'a finalement dû son salut qu'à l'arrivée d'un jeune homme qui est venu à son secours. «Il y a clairement une volonté de la part des agresseurs de faire mal physiquement et psychologiquement. En insultant systématiquement la victime en faisant des références violentes à son appartenance religieuse, en ayant des gestes déplacés sur son corps», souligne dans un communiqué, l'association militante du Collectif contre l'islamophobie en France (Ccif) qui attend «une réaction immédiate du ministre de l'Intérieur, qui déclarait récemment son affection'' à l'encontre des musulmans de France, ainsi que toutes les personnes qui ont pour mission de soutenir et protéger les femmes», précise-t-elle. Manuel Valls qui a condamné «avec sévérité cette nouvelle manifestation de haine et d'intolérance anti-musulmane qui porte atteinte aux valeurs de la République et au principe de la liberté de conscience», ne donne pas l'impression de vouloir renoncer à des débats (port du voile, laïcité...) qui ont fait la part belle à la renaissance de l'extrême droite en France. De la profanation des cimetières, des mosquées, des projets d'attentats contre les lieux de culte à l'agression physique des femmes musulmanes voilées, c'est à se demander où va la France.