Le mandat d'arrêt lancé contre l'ex-ministre de l'Energie tombe au moment opportun. C'est fait, le thème de campagne pour la présidentielle de 2014 est déjà prêt à porter. La corruption sera par excellence le sujet de prédilection des partis politiques. Avec l'affaire Sonatrach et le mandat d'arrêt international lancé contre l'ex-ministre de l'Energie et des Mines Chakib Khelil, la corruption va, sans aucun doute, monopoliser tous les débats. A sept mois du rendez-vous électoral, les partis n'ont pas à se casser la tête pour trouver un sujet qui accroche. Le sujet s'impose de lui-même. Certes, le phénomène de la corruption a toujours été présent dans les débats mais à un degré moindre. Les islamistes ont fait de ce dossier leur cheval de bataille pour critiquer le pouvoir. En prenant en charge le dossier de la corruption, l'Etat a coupé l'herbe sous les pieds des islamistes. Ces derniers ne seront pas les seuls à mener campagne tambour battant sur le phénomène de la corruption durant la campagne présidentielle. Les partis vont tous accorder leurs violons pour sensibiliser la société contre ce phénomène qui gangrène les institutions de l'Etat. Le mandat d'arrêt lancé contre l'ex- patron du plus important portefeuille ministériel tombe au moment opportun. Les représentants de la société civile vont saisir l'occasion de la présidentielle pour vider leur sac contre la mauvaise gestion des deniers publics. Le débat sur ce phénomène s'annonce chaud. La corruption politique qui était un tabou il y a quelques années est devenue un sujet banal. Tout le monde en parle. Dans les cafés, dans les administrations, dans la rue le sujet est sur toutes les langues. Nul n'ignore que ce phénomène est devenu une monnaie courante au sein de notre société. La culture de la «Tchipa» fait ravage au sein de l'administration. Le dernier rapport de Transparency International le confirme. L'Algérie est classée parmi les pays les plus corrompus dans le monde. Dans son rapport annuel rendu public récemment, Transparency International a épinglé l'Algérie en la classant au 105e rang sur 107 pays concernés par le sondage de cette ONG. Selon celle-ci, la corruption s'est généralisée en touchant à tous les secteurs d'activité. Un avis appuyé par un sondage d'opinion puisque 74% des Algériens pensent que le milieu des affaires est gagné par la corruption, ajoute la même source. Même la justice, censée être un rempart contre ce fléau, se trouve discréditée aux yeux des Algériens comme le pensent 72% d'entre eux, indique ce rapport. Pareil pour les autres secteurs. Les services de sécurité, les partis politiques, les parlementaires, les médias, l'éducation et la santé, tous ces secteurs sont minés par la corruption comme l'indique le sondage réalisé par cette ONG. Face à cette situation, le débat sur ce phénomène sera accentué. Les partis vont crever l'abcès en levant le voile sur les différents dysfonctionnements enregistrés ces dernières années dans la gestion de l'Etat. L'autoroute Est-Ouest, la Badr, Algérie Télécom, Sonatrach sont autant de scandales qui ont ébranlé nos entreprises ces dernières années. Pour mettre un terme à cette saignée, les partis vont exiger un renforcement de l'arsenal juridique. Vu que le projet de révision de la Constitution sera au menu de la session parlementaire d'automne en septembre, les partis auront certainement beaucoup à dire. Comme ils auront même à proposer des restrictions et des sanctions contre tout responsable impliqué dans le détournement des deniers publics. Ce qui donne déjà un avant-goût sur l'ambiance de la campagne présidentielle qui s'annonce houleuse.